Alors que l’ancien ministre sénégalais Mansour Faye est incarcéré pour une prétendue « surfacturation » sur l’achat de riz durant la pandémie de Covid-19, une analyse rigoureuse des faits révèle une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Loin de chercher à innocenter l’ancien ministre, cet article démontre, preuves à l’appui, que les accusations portées contre lui ne résistent pas à une examen objectif des réalités économiques et juridiques de l’époque. Pire, elles trahissent une volonté de diabolisation d’une figure clé de l’ancien régime, transformée en otage par le pouvoir actuel.
Les détracteurs de Mansour Faye lui reprochent d’avoir acheté le riz à 275 FCFA/kg en 2020, contre 250 FCFA/kg fixés par un arrêté de 2013. Or, cette augmentation de 25 FCFA sur sept ans (soit +10 %) est non seulement marginale, mais surtout conforme aux réalités du marché :
– Inflation et coûts logistiques : Entre 2013 et 2020, les prix des transports maritimes ont explosé (+30 % en 2020 avec la crise Covid), et le FCFA a perdu de la valeur face au dollar, renchérissant les importations .
– Pénuries mondiales : La pandémie a provoqué des ruptures d’approvisionnement, poussant les cours du riz à la hausse partout en Afrique. L’Inde et la Thaïlande, principaux fournisseurs du Sénégal, ont même restreint leurs exportations .
– Comparaison avec les prix ultérieurs : En 2024, le riz était vendu 375 FCFA/kg par décret, soit +100 FCFA en quatre ans – une hausse bien plus brutale que celle reprochée à Faye .
L’argument de la « surfacturation » ignore délibérément l’évolution économique globale.
La procédure d’achat suivie par Mansour Faye était strictement conforme aux règles exceptionnelles instaurées durant la crise :
– Dérogation au Code des marchés publics : Le décret 2020-781 du 18 mars 2020 exemptait les achats Covid des procédures normales, validant les prix négociés sous urgence .
– Validation par les institutions : Les contrats ont été approuvés par l’ARMP (Autorité de Régulation des Marchés Publics) et le ministère du Commerce, qui a fourni une grille tarifaire officielle incluant le prix de 275 000 FCFA/tonne (soit 275 FCFA/kg ) .
– Aucun enrichissement personnel prouvé : Les entreprises attributaires ont toutes proposé le même prix, sans favoritisme. Le rapport de la Cour des Comptes lui-même cible le DAGE Aliou Sow, pas Mansour Faye .
La légalité des achats est incontestable, mais la justice choisit d’appliquer rétroactivement un arrêté obsolète de 2013.
Plusieurs indices révèlent que cette affaire est un règlement de comptes :
– Cible prioritaire : Faye, beau-frère de l’ex-président Macky Sall, est visé alors que d’autres ministres impliqués dans des dossiers similaires bénéficient de libertés provisoires .
– Discours des avocats : Son défenseur, Me Amadou Sall, dénonce une « commande politique » visant à criminaliser l’ancien régime, avec des procédures biaisées (rejet systématique des recours, mandat de dépôt injustifié) .
– Silence sur les vrais scandales : Pourquoi la Cour des Comptes n’a-t-elle pas enquêté sur la disparition des stocks d’oxygène durant la Covid, responsable de morts évitables ? .
L’acharnement judiciaire contre Faye sert à masquer l’absence de bilan du nouveau pouvoir.
Cette affaire sape la crédibilité de la lutte anti-corruption :
– Double standard : En 2025, le riz est vendu 350 FCFA/kg après une baisse récente… sans que personne ne parle de « surfacturation » .
– Risque pour l’État de droit : Le rejet des « contestations sérieuses » de la défense (malgré un dossier de 15 pages) et le refus de caution montrent une justice aux ordres .
– Appel aux partenaires du Sénégal: L’UA et la CEDEAO ne peuvent rester silencieuses face à une instrumentalisation aussi grossière de la justice.
Mansour Faye paie moins ses supposés écarts financiers que sa proximité avec Macky Sall. En criminalisant une hausse de prix pourtant justifiée, le pouvoir actuel envoie un message clair : la justice est désormais une arme de persécution politique. L’opinion nationale et internationale doit exiger un procès équitable, fondé sur des preuves tangibles – pas sur des calculs partisans.