Mercredi soir, Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et chef du parti Pastef, a fait une déclaration qui soulève de nombreuses interrogations. Lors d’un live sur les réseaux sociaux, il a appelé les ministres de son gouvernement à cotiser chacun au moins un million de francs CFA pour financer la campagne législative à venir. En parallèle, il a exhorté les militants et sympathisants du parti à contribuer à hauteur de 1 000 francs CFA, une initiative qu’il présente comme un appel à la solidarité citoyenne. Cependant, une analyse plus approfondie de cette démarche laisse entrevoir une possible opération de blanchiment d’argent dissimulée sous une apparente quête de financement participatif.

Une collecte de fonds qui pose question

Avec près de 66 ministres dans le gouvernement, cette campagne de collecte atteindrait seulement 66 millions de francs CFA, soit une somme dérisoire comparée aux coûts réels d’une campagne électorale d’envergure nationale, estimée entre 2 et 3 milliards de francs CFA. Cette disparité flagrante entre l’appel aux dons et les besoins réels d’une campagne soulève des soupçons légitimes. Comment Pastef compte-t-il financer une campagne aussi onéreuse avec si peu de fonds, surtout dans un contexte économique difficile pour beaucoup de Sénégalais ?

Abass Fall et le scandale de l’ASER : une manne providentielle ?

Un élément essentiel à ne pas négliger dans cette affaire est la proximité entre Ousmane Sonko et certains membres influents de son parti, notamment Abass Fall, un député impliqué dans le scandale de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER). Fall est accusé d’avoir détourné 4,5 milliards de francs CFA, une somme qui fait déjà couler beaucoup d’encre et qui pourrait bien être utilisée pour financer la campagne législative du Pastef.

Il est intéressant de constater que malgré la gravité des accusations portées contre lui, Abass Fall semble jouir d’une forme d’impunité. Le procureur traîne des pieds dans cette affaire, et l’enquête stagne. Cela soulève des questions sur l’indépendance de la justice et sur une potentielle connivence au sommet de l’État. Sonko, en demandant des contributions financières à ses ministres et militants, pourrait chercher à justifier la provenance d’une partie de cette manne financière déjà à disposition, mais d’origine douteuse.

Une stratégie pour tromper les Sénégalais

En présentant cette initiative de collecte de fonds comme un effort collectif et citoyen, Ousmane Sonko tente de se positionner comme un leader proche du peuple, soucieux de mobiliser des ressources locales. Pourtant, derrière cette façade, il semble probable que des montants bien plus importants et suspects soient déjà prêts à être injectés dans la campagne. Le scandale de l’ASER, avec les milliards qui ont disparu, pourrait être la clé de voûte de ce financement opaque.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est l’agilité avec laquelle Sonko parvient à détourner l’attention des Sénégalais. Pendant que l’on parle de cotisations d’un million ici et de mille francs là, des sommes faramineuses issues de détournements semblent circuler dans l’ombre, prêtes à être blanchies sous couvert d’une campagne électorale.

L’impunité comme garantie ?

L’affaire Abass Fall et la lenteur de la justice laissent penser que Sonko et ses alliés jouissent d’une forme d’immunité. Pourquoi le procureur n’a-t-il pas encore engagé de poursuites concrètes ? Pourquoi ce scandale financier reste-t-il en suspens malgré l’ampleur des sommes en jeu ? L’explication pourrait bien résider dans l’utilisation de ces fonds pour préparer les échéances législatives.

Une vigilance citoyenne nécessaire

Les Sénégalais doivent rester vigilants face à cette situation. Si l’appel aux dons d’Ousmane Sonko semble en apparence anodin, il pourrait en réalité cacher une opération de blanchiment d’argent massif. La transparence des finances politiques est essentielle dans toute démocratie, et cette affaire doit être élucidée rapidement.

La question qui se pose aujourd’hui est simple : Sonko ne cherche-t-il pas à tromper les Sénégalais en blanchissant des milliards détournés sous couvert d’une campagne participative ? Si ces fonds sont réellement issus de détournements ou de financements illégaux, c’est tout le processus électoral qui se retrouverait entaché d’illégalité.

Les prochains jours s’annoncent déterminants. Il revient aux autorités compétentes de faire toute la lumière sur cette affaire pour éviter que l’argent des contribuables ne serve à financer des ambitions politiques, au détriment de la transparence et de la justice.