Les estimations les plus osées ont été largement dépassées avec le dépôt de 45 listes de coalitions et/ou de mouvements pour participer aux élections législatives du 30 juillet. Cette inflation est à déplorer car elle pose des problèmes logistiques importants et constitue, à terme, une menace sur le système démocratique.

Parce qu’elle ouvre la porte à des dérives de toutes sortes qui caricaturent une compétition politique majeure pour le choix des représentants du peuple qui vont légiférer. Il ne s’agit pas d’une foire d’empoigne encore moins d’un concours de beauté. La démesure est finalement étouffante, artificielle et ridicule. Tout comme l’est le nombre de partis politiques qui dépasse 350 actuellement.

Il se passe un phénomène dont il faut essayer d’apprécier la perversité. La démocratie peut être pernicieuse et accoucher de son exact contraire comme cela a été constaté dans de nombreux pays. Il faut donc trouver des gardes fous juridiques et institutionnels pour préserver le système. Et à l’évidence la caution portée à 15 millions de Fcfa n’est pas dissuasive.

On peut d’ores et déjà s’attendre à un nombre record de candidats à la présidentielle de 2019 si la caution de 65 millions de Fcfa est maintenue. Il faudrait peut-être exiger 100 millions de Fcfa. De toutes les façons il urge de relever le défi dans le respect de la…démocratie.

Mais l’appel d’air témoigne aussi de la volonté de nombre de Sénégalais de vouloir faire de la politique un gagne-pain, une entreprise économique florissante. Parce que beaucoup voient prospérer, dans leurs quartiers, des personnes « qui ne font que de la politique » et se disent pourquoi pas eux ? Puisqu’aucune qualification n’est requise ! Et puis il y a aussi la parité qui ouvre les portes aux femmes en grand nombre.

Comme naguère avec les « télé-centres » c’est donc le rush vers le nouvel El Dorado électoral pour remporter le jackpot. La démocratie devient une opportunité mercantile et l’éducation à la citoyenneté en prend un coup. Les hommes politiques de tous bords sont interpellés car le système est gravement menacé.

Les opposants qui viennent de démontrer leur incapacité à s’unir ont une responsabilité historique dans cette dérive. Car l’échec de leur rassemblement ne s’explique que par une volonté farouche de truster les premières places synonymes de poste de député. Rien d’autre !

Si des mesures vigoureuses ne sont pas prises pour imposer la rationalité le système va imploser. Comment choisir son bulletin de vote parmi 45 possibles ? Sans oublier le problème sérieux de l’analphabétisme ! Il y a ensuite le coût : des centaines de millions de bulletins devront être confectionnés(le chiffre de 400 millions est avancé).

Trop c’est trop ! Pour cette fois-ci il faudra faire avec. Mais la prochaine fois il faudrait légiférer pour imposer le bon sens et sauver la démocratie de ses propres démons.