Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé lundi 11 mai 2020, lors d’une allocution retransmise sur la télévision nationale (RTS), plusieurs mesures allant dans le sens d’assouplir l’état d’urgence instauré au Sénégal depuis le 24 mars dernier pour limiter la propagation du Coronavirus. Il s’agit, entre autres, de la durée du couvre-feu, revue à la hausse ; de la réouverture des lieux de culte, la reprise des cours dans les classes d’examen, le 2 juin prochain, ou encore le réaménagement des horaires de bureau, désormais fixés de 9 heures à 16 heures. Le rapatriement des corps des sénégalais décédés à l’étranger du covid-19, jusque-là interdit, est également autorisé à partir de ce mardi 12 mai, date d’entrée en vigueur de ces mesures.
Le chef de l’Etat sénégalais a expliqué avoir pris ces mesures pour « adapter notre stratégie » de lutte contre le Covid-19 à la poursuite de « nos activités essentielles », pour « faire vivre notre économie », alors que le Sénégal connait depuis quelques jours une recrudescence des cas de malades du covid-19 et une légère augmentation du nombre de décès.
Depuis le 2 mars 2020, date du premier cas déclaré positif au coronavirus au Sénégal, au lundi 11 mai, le pays a enregistré 1.886 cas positifs de Covid-19, dont 715 guéris, 19 décédés et 1.151 malades sous traitement. Des personnes qui ont été en contact avec des malades, au nombre de 7.182, sont également suivis par les services de santé.
« J’ai décidé de l’assouplissement des conditions de l’état d’urgence », a, en effet, déclaré le président Macky Sall, précisant qu’« à compter du mardi 12 mai 2020, les horaires du couvre-feu seront de 21 heures à 5 heures, au lieu de 20 heures à 6 heures ».
Par ailleurs, a-t-il dit, « les marchés et autres commerces, qui étaient astreints à des jours particuliers d’ouverture, seront ouverts six jours et resteront fermés un jour dédié au nettoiement ». Les marchés hebdomadaires appelés ‘’louma’’ au Sénégal, seront également rouverts, « mais dans les limites de chaque département », a-t-il ajouté.
Dans le même temps, le président sénégalais a annoncé que les corps des sénégalais décédés du Covid-19 à l’étranger, jusque-là interdit, est désormais autorisé. Un collectif de sénégalais de la diaspora avait d’ailleurs saisi la Cour suprême du Sénégal pour annuler cette décision, mais leur requête avait été rejetée.
Assouplissement plutôt que confinement
Autre mesure très attendue, Macky Sall a annoncé qu’« il sera également procédé à la réouverture des lieux de culte ». Il a toutefois, précisé que « le ministre de l’Intérieur, en rapport avec le ministre de la Santé et de l’Action sociale, engagera les consultations nécessaires à cet effet avec les guides spirituels et les associations religieuses, pour convenir des conditions et modalités ».
Il faut dire que plusieurs guides religieux, en particulier des imams, ont montré leur réticence à la fermeture de ces lieux de culte. Certains d’entre eux, qui avaient rouvert des mosquées pour diriger des prières malgré l’interdiction, notamment à Léona Niassène, dans la région de Kaolack (centre) avaient été interpellés, provoquant ainsi des affrontements entre leurs fidèles et les forces de l’ordre.
Par ailleurs, comme déjà annoncé, le président sénégalais a confirmé la réouverture des écoles pour les élèves en classe d’examen. « S’agissant de l’école, les cours reprendront le 2 juin pour les classes d’examen, c’est-à-dire les classes de CM2, de troisième et de terminale », a-t-il, en effet, indiqué, précisant que l’année scolaire et le calendrier des examens seront réaménagés. Une mesure qui concernera donc 551.000 élèves du public et du privé sur 3.500.000 élèves, au total. Les élèves des autres classes continueront, quant à eux, de suivre les cours à domicile, alors que pour les universités, il sera aussi préconisé des enseignements à distance.
« La fréquentation des lieux de culte, des établissements scolaires et des autres espaces publics (marchés, commerces et restaurants) obéira strictement aux mesures de distanciation sociale et aux gestes barrière, notamment le port obligatoire du masque et le lavage des mains », a toutefois martelé le président sénégalais.
Un assouplissement décidé par le président Sall, alors que plusieurs sénégalais qui ont exprimé leur inquiétude face à la multiplication des cas de Covid-19, avaient demandé un durcissement des mesures. Certains,réclamant même un confinement total. Une rigueur que n’aurait pas supporté l’économie sénégalaise, avaient rétorqué les autorités.