Les médias français, tout comme leurs confrères africains, ont vite déclaré le départ de l’armée française du Sénégal. Ceux qui ont écouté et réécouté les propos du président Bassirou Diomaye Faye se sont rendus compte que le jeune président a tout dit, sauf que les bases militaires seront fermées. À la question posée lors de cet entretien, Diomaye Faye a répondu par une autre question, en faisant allusion aux soldats de la Russie et de la Chine en tenues militaires sur le sol français.
L’autre bout de son entretien porte sur le délai fixé pour le départ des soldats français. « Il n’y a pas de délai de rigueur », a-t-il déclaré. Diomaye Faye n’a ni donné de date, ni affirmé la fermeture des bases.
Devrait-on alors comparer le Sénégal et le Tchad, ce pays qui a déjà démarré le retrait des soldats français ce 11 décembre 2024 ? Ce jour-là, les avions de chasse de l’armée française ont commencé à quitter les bases tchadiennes. Et Paris et Ndjamena sont convenues des modalités de retrait. C’est tout le contraire du Sénégal. La fermeture des bases militaires est une question purement sécuritaire. Il ne revient pas au président de la République de prendre cette décision, seul entre quatre murs.
DE HAUTS GRADÉS MILITAIRES SÉNÉGALAIS S’OPPOSENT À LA FERMETURE DES BASES FRANÇAISES
Les hauts gradés de l’armée ont leur mot à dire. Or, il s’est trouvé que les généraux de l’armée sénégalaise s’opposent à la fermeture des bases militaires françaises. La raison est simple : l’armée sénégalaise développe un partenariat très fécond avec l’armée française en termes de formation, de coopération militaire, et d’échange de renseignements. Les bases militaires françaises comptent des outils techniques qui aident l’armée sénégalaise dans sa lutte contre l’insécurité. L’armée française aide aussi le ministère de la Pêche dans les patrouilles maritimes pour lutter contre la pêche illicite et clandestine. À chaque sortie, ce sont les avions de l’armée française qui sont utilisés pour mener ces patrouilles avec la Direction de la surveillance maritime. Toutes ces patrouilles sont faites aux frais de l’armée française. Les pays africains ont plus à perdre qu’à gagner dans cette fermeture des bases militaires.
Il est possible de procéder à la réduction de l’effectif de l’armée française à Dakar. Mais la fermeture définitive des bases n’est pas à l’ordre du jour dans les rangs de l’armée. Cette décision n’est pas politique, elle est sécuritaire, ce que certains chefs d’État civils semblent ignorer.