L’affaire opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko, désormais Premier ministre du Sénégal, reste une épée de Damoclès malgré l’annulation de sa condamnation pour viol. Avec l’acquisition de la nationalité suisse par la plaignante et le gel du dossier au Sénégal, les risques judiciaires pour M. Sonko se déplacent vers l’Europe.

Adji Sarr, désormais suisse, pourrait saisir la justice helvétique pour une plainte pénale autonome. Ainsi, la Suisse peut ouvrir une enquête pour viol ou agression sexuelle, indépendamment de la procédure sénégalaise, en invoquant la compétence universelle (pour les crimes graves) ou la protection de ses ressortissants .

Si la Suisse estime que le Sénégal n’a pas mené une enquête équitable (en raison du gel politique du dossier), elle pourrait demander à d’autres pays européens d’arrêter M. Sonko via un mandat d’arrêt européen .
Même sans mandat d’arrêt, une plainte en Suisse pourrait déclencher une alerte Interpol, rendant risqué tout déplacement dans l’espace Schengen .

L’immunité de Premier ministre ne protège pas contre les poursuites pour crimes graves (viol, crimes contre l’humanité) en Europe .

Les pays européens coopèrent étroitement en matière d’extradition : La Suisse peut solliciter la France, la Belgique ou l’Allemagne pour interpeller M. Sonko si une plainte est déposée .

En effet, si la Suisse engage des poursuites, d’autres États pourraient geler ses avoirs ou restreindre ses déplacements .

Autre problème pour Sonko, les ONG et mouvements féministes pourraient mettre une pression médiatique et juridique.
Des groupes comme Amnesty International ou ONU Femmes pourraient exiger une réouverture du dossier, soulignant l’impunité des dirigeants accusés de violences sexuelles ; Et des campagnes sur les réseaux sociaux pourraient voir le jour (#JusticePourAdjiSarr) pour influencer l’opinion publique européenne.

Rappelons qu’en 2023, des féministes sénégalaises avaient déjà manifesté pour soutenir Adji Sarr. Une plainte en Suisse pourrait relancer ces mobilisations .

Nous avons eu beaucoup de cas similaires dans le monde :
1. Dominique Strauss-Kahn (France/USA, 2011) :
– Accusé de viol par une employée d’hôtel à New York, il a été arrêté puis libéré faute de preuves. Mais sa carrière politique s’est effondrée.

2. Julian Assange (Suède/Royaume-Uni, 2010-2019) :
– Poursuivi pour viol en Suède, il a été arrêté au Royaume-Uni après des années de refuge dans l’ambassade équatorienne.

3. Moshe Katsav (Israël, 2006-2011) :
– Ancien président israélien condamné pour viol et harcèlement sexuel, malgré ses dénégations et son immunité initiale.

Dans le monde, les dirigeants ne sont pas à l’abri des poursuites à l’étranger, surtout si la victime a un passeport européen.

La pression internationale et féministe peut contraindre à un procès équitable.

L’affaire Sonko-Adji Sarr illustre les défis des dirigeants africains dans un monde interconnecté. Même avec une immunité nationale, une plainte en Suisse ou une mobilisation féministe peut relancer les risques judiciaires. Les précédents internationaux montrent que ni le statut politique ni les frontières ne protègent contre les poursuites pour violences sexuelles.