Le patron de l’ONU, Antonio Guterres

Les violences en Ituri, l’un des nombreux conflits qui déstabilisent la République démocratique du Congo, pourraient être qualifiées de « crimes contre l’humanité » voire de « génocide », selon un rapport des Nations unies sur la reprise des hostilités depuis décembre 2017.

« Au moins 701 personnes ont été tuées », selon cette enquête du bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) présentée vendredi à Genève. Le conflit oppose deux communautés de l’Ituri, les Lendu, majoritairement agriculteurs, et les Hema, éleveurs et commerçants, dans cette province du Nord-Est frontalière de l’Ouganda connue pour son or et son pétrole.

« La grande majorité des victimes semble avoir été visée en raison de leur appartenance à la communauté hema », avec 402 tués entre décembre 2017 et septembre 2019. « L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu », ajoute ce rapport conjoint de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et du Haut-commissariat des droits de l’homme, relayé par l’AFP.

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« Ces attaques semblent avoir été planifiées et organisées dans le but d’infliger des pertes graves et un traumatisme à long terme aux membres de la communauté hema ». Le but? « Les empêcher de retourner dans leurs villages et de pouvoir ainsi prendre le contrôle de leurs terres ».

La publication a été saluée par l’organisation congolaise Justice Plus : « C’est vraiment du génocide systématique et généralisé : on s’attaque aux communautés alur (un autre groupe de population en Ituri) et hema. On voit qu’on veut exterminer ces deux communautés », a réagi Xavier Macky, directeur de cette ONG basée à Bunia en Ituri, cité par l’AFP.

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« Les enquêtes menées à ce jour ne démontrent pas à suffisance l’intention de détruire les Hema en tant que groupe ethnique », nuancent toutefois les experts onusiens. Ils ont également documenté « des actes de représailles par des membres de la communauté hema » lors de la première phase des violences entre décembre 2017 et mai 2018, avec « des incendies de villages et des attaques isolées » contre des Lendu.

Un précédent conflit entre 1999 et 2003 avait tué des dizaines de milliers de personnes jusqu’à l’intervention d’une force européenne, Artémis, sous commandement français.