Une monnaie locale qui chute, le paiement d’arriérés de salaires des fonctionnaires et des dépenses de guerre ont fait grimper les prix en République démocratique du Congo.
Depuis le début de l’année, le franc congolais s’est déprécié d’environ 15% par rapport au dollar, selon les données officielles. Deux mille francs congolais s’échangeaient encore récemment à 1 dollar. Le taux est passé à plus de 2.320 francs pour 1 dollar, selon les derniers chiffres de la Banque centrale, relayés par l’AFP.
En RDC, les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 2,15 dollars par jour par la Banque mondiale. Le Fonds monétaire international a indiqué en février que la RDC avait augmenté ses dépenses en 2022, pour combattre les rebelles du M23 qui se sont emparés de vastes pans de territoire dans l’Est du pays, mais aussi pour payer des arriérés de salaires dans la fonction publique.
L’inflation atteignait déjà 13% à la fin de l’année dernière, en partie à cause des retombées économiques de l’invasion russe en Ukraine. L’augmentation des dépenses fin 2022 a provoqué un afflux de francs congolais sur le marché et une forte demande de dollars, selon l’AFP, citant des économistes.
La RDC, immense pays d’Afrique centrale, a l’une des économies les plus « dollarisées » au monde, héritage de l’inflation galopante à l’époque du dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997). Les dollars sont acceptés partout, dans les restaurants et les magasins, et utilisés pour la plupart des achats importants.
Le surplus de dépenses du gouvernement correspond à des importations probablement liées au conflit dans l’Est ainsi qu’au paiement d’arriérés de salaires. Effectués en francs congolais, ces paiements ont provoqué une ruée de personnes cherchant à échanger leur argent local contre des dollars. “Les banques n’étaient pas capables de fournir assez de dollars, d’où la dépréciation”, ajoute des experts cités par l’AFP.
Le gouvernement a promis d’agir pour stabiliser la monnaie, mais la perte de valeur du franc a déjà suscité la colère des populations. Lors de récentes manifestations de l’opposition dans la capitale, les participants brandissaient des pancartes protestant contre le prix du pain, par exemple.