Ce n’est pas demain la veille que la situation politique en Centrafrique va se clarifier. La validation des résultats de la présidentielle et l’annulation du scrutin législatif ne vont pas y aider.

Résultats pour un second tour ouvert

Ainsi comme nous Afrique Confidentielle l’annonçait, Anicet Dologuélé et Faustin Touadera vont bien disputer le second tour décisif, mais la date du 31 janvier devrait être changée.

Selon les résultats officiels publiés hier par la Cour constitutionnelle, Dologuélé arrive en tête avec 23,74 % des voix suivi de Touadera 19,05 % des voix.

L’avance de Dologuélé n’est pas décisive et donc le scrutin reste très ouvert. Ce sont les candidats arrivés second et troisième voire quatrième qui vont jouer les rôles de faiseurs de roi, soit dans l’ordre : Désiré Kolingba(12,04 %), Martin Ziguélé(11,43 %) et Serge Bokassa(6,06 %).

Décision curieuse, mais réaliste

Si la décision de la Cour constitutionnelle semble curieuse ; elle paraît logique car des irrégularités ont été constatées. Ces dernières ont davantage impacté le vote pour les législatives que celui pour la présidentielle qui a eu lieu le même jour.
Les nombreux observateurs ont pu constater que plusieurs électeurs ont accompli leur devoir civique pour le scrutin presidentiel, sans avoir la possibilité de faire de même pour les législatives faute de bulletins et de matériel électoral en général.

Une évaluation réaliste a donc poussé la Cour à trancher par une sorte de jugement de Salomon, en coupant la poire en deux. Question de réalisme aussi pour ne pas tout annuler et replonger le pays dans un chaos total. D’autant qu’il faudrait encore trouver l’argent pour organiser deux élections sur l’ensemble du territoire. Sans oublier l’impatience de la communauté internationale qui ne peut débloquer une aide massive urgente si un gouvernement démocratiquement élu n’est pas installé.

Législatives : rien n’est joué

Toutefois, pour le moment, même si le ciel est dégagé pour la présidentielle rien n’est joué pour les législatives. Et donc pour la normalisation institutionnelle dans le pays. Même si un président élu pourrait être le leader attendu pour renouer le fil du dialogue national. Les deux finaliste Dologuélé et Touadéra ont le bon profil et la représentativité indispensables pour se faire écouter de tous.

Néanmoins quelqu’un comme Martin Ziguélé, tombé de très haut, ne va pas jouer l’apaisement. Il pourrait être tenté d’attiser le feu pour que les cartes soient rebattues.

Mais la décision de la Cour constitutionnelle de valider les résultats de la présidentielle semble sonner le glas de ses ambitions d’accéder à la magistrature suprême. Beaucoup d’autres sont aussi en embuscade et souhaitent le déraillement du processus électoral.

La date du deuxième tour n’est pas encore fixée. Celle des législatives non plus. La Cour constitutionnelle a un délai de soixante jours pour la déterminer. Elle a encore du temps.

 

 

Crédit Image : Par Afrika Force from South Africa — Bangui Shopping District, CC BY 2.0, $3