La République centrafricaine a décrété jeudi l’état d’urgence pour 15 jours sur l’ensemble du pays, majoritairement sous contrôle de groupes armés et où le président Faustin Archange Touadéra a été réélu officiellement lundi sur fond de nouvelle offensive rebelle.
Une semaine avant le 1er tour, le 27 décembre, des élections présidentielle et législatives, six des plus puissants groupes armés se sont alliés pour former la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et ont lancé une offensive contre le président Touadéra qui briguait un second mandat.
Depuis qu’ils ont juré de « marcher sur Bangui », les rebelles mènent des attaques sporadiques mais parfois violentes, généralement loin de la capitale, même si deux attaques simultanées d’environ 200 assaillants ont été repoussées le 13 janvier à Bangui.
Les rebelles se heurtent jusqu’à présent à des forces bien supérieures en nombre et lourdement équipées: quelque 12.000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de M. Touadéra et d’une armée démunie.
Vers une « augmentation substantielle » de l’effectif des Casques bleus
Plus tôt dans la journée, l’émissaire de l’ONU en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, a réclamé au Conseil de sécurité une « augmentation substantielle » du nombre de Casques bleus déployés dans le pays, après les récentes attaques meurtrières des principaux groupes armés, qui occupent les deux tiers du territoire.
La demande d’augmentation du contingent de la Minusca devrait également aider le président Touadéra à asseoir son autorité, alors que le représentant de l’ONU en Centrafrique a déploré une « grande désertion » depuis décembre des forces de sécurité centrafricaines, qui impose des réformes.
Mankeur Ndiaye n’a pas précisé le nombre de Casques bleus supplémentaires souhaité pour la Minusca qui représente déjà l’une des plus grosses et coûteuses opérations de l’ONU dans le monde.
Selon l’AFP, la Minusca souhaiterait le renfort de 3.000 Casques bleus avec des moyens aériens importants (drones, hélicoptères d’attaque, capacités de franchissement ou encore forces spéciales).
Mankeur Ndiaye a aussi réclamé une prorogation de quelques mois » du renfort intervenu en décembre de quelque 300 militaires rwandais détachés de la mission de paix menée au Soudan du Sud. A l’origine, ce renfort, plutôt rare à l’ONU, était prévu pour deux mois.
L’émissaire a averti le Conseil que « la menace pourrait durer », alors que la Minusca a déjà perdu sept Casques bleus depuis le début de l’offensive rebelle.