La procureure Fatou Bensouda


La procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué avoir suffisamment de preuves pour ouvrir une enquête sur les violences au Nigeria commises à la fois par les groupes terroristes et les forces de sécurité.

« A la suite d’une procédure rigoureuse, je peux annoncer aujourd’hui que les critères statutaires pour ouvrir une enquête sur la situation au Nigeria sont remplis », a déclaré Fatou Bensouda dans un communiqué depuis le siège de la CPI à La Haye.

Cette annonce intervient alors que la violence continue de faire des ravages dans le nord-est du Nigeria, où au moins 76 travailleurs agricoles ont été massacrés voici deux semaines par le groupe terroriste Boko Haram.

Les procureurs de la CPI avaient ouvert une enquête préliminaire sur la situation au Nigeria en 2010, mais Fatou Bensouda demande désormais l’accord des juges pour lancer formellement une enquête complète.

36000 morts en 11 ans

La procureure se réfère à des actes commis par Boko Haram et les groupes qui en sont issus. En onze années d’insurrection, ils sont responsables de la mort d’au moins 36.000 personnes et de quelque deux millions de déplacés, selon les chiffres de l’ONU.

Boko Haram et ses factions ont commis “des actes qui constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre”, tels que meurtres, viols, esclavage sexuel, tortures et actes de cruauté, a déclaré Mme Bensouda.

Mais tandis que la « grande majorité » des crimes ont été commis par des auteurs non-étatiques, « nous avons aussi des bases raisonnables pour croire que des membres des forces de sécurité nigérianes ont commis des actes constituant des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », a-t-elle poursuivi.

Ces actes incluent des meurtres, viols, tortures, actes de cruauté ainsi que disparitions forcées, transferts sous la contrainte de populations et attaques visant des civils. Une enquête complète menée par la CPI, créée en 2002 pour juger les crimes les plus atroces, pourrait entraîner des poursuites dans ce pays pétrolier d’Afrique miné depuis 2009 par l’insurrection de Boko Haram.