Le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz se poursuit à Nouakchott. Il est jugé, avec neuf autres personnalités, pour corruption, trafic d’influence et blanchiment. La bataille juridique autour de la compétence de la Cour domine les débats depuis l’ouverture du procès.

Le procès a débuté le 25 janvier. Mais Mohamed Ould Abdel Aziz n’est venu à la barre que ce lundi. Après l’avoir interrogé sur son identité et sur sa profession, le juge a énuméré tous les chefs d’accusations retenus contre lui.

L’échange n’a pas duré, selon RFI. Les avocats de l’ancien président se sont immédiatement regroupés autour de lui avant de demander à la Cour de se déclarer incompétente. Seule une Haute cour de justice est, selon eux, habilitée à juger leur client, conformément à la Constitution.

« Il n’est pas du tout admissible que la Constitution soit violée d’une manière aussi grave pour qu’ensuite on veuille justifier que sa comparution devant les juridictions de droit commun est une comparution légale », souligne maître Taleb Khiyar Mohamed Maouloud, un des avocats de Mohamed Ould Abdel Aziz, cité par RFI. « Ce n’est pas du tout une comparaison légale, ce n’est pas une comparution qui est conforme à la Constitution, elle est anticonstitutionnelle », poursuit-il.

 

L’ex-président n’a cessé de nier les faits depuis que l’étau a commencé à se resserrer sur lui en 2019. C’était quelques mois après qu’il avait cédé la place à l’issue d’élections à l’un de ses plus fidèles compagnons, son ancien chef d’Etat-major Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Il s’agissait de la première transition non imposée par la force dans un pays abonné aux coups d’État depuis l’indépendance.

Mohamed Ould Abdel Aziz a lui-même été porté au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 2008, puis élu président en 2009 et réélu en 2014.

Ce procès est l’histoire de sa disgrâce et de son amitié ruinée avec celui qu’il avait désigné comme son dauphin, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Les deux hommes, généraux, sont crédités d’être à l’origine de l’exception mauritanienne qui n’a plus connu d’attentat djihadiste depuis des années.