Le choix d’un président et d’un premier ministre civil pour gérer la transition n’est pas négociable pour les chefs d’Etat de la CEDEAO. Tant que la junte ne s’y résoudra pas, les sanctions vont demeurer dans leur intégralité. Ainsi les frontières vont rester fermées et les sanctions économiques et financières continueront d’être appliquées.
La CEDEAO attend une décision de la part des mutins dans les jours qui viennent et non « dans les semaines ». Le président Alassane Ouattara, par ailleurs économiste réputé, estime que le Mali ne pourrait pas tenir le coup face aux sanctions et que les militaires ont intérêt à mettre en œuvre les propositions de la CEDEAO.
Cette dernière a assoupli sa position sur la durée de la transition et accepterait l’échéance de 18 mois et même la nomination d’un vice-président militaire chargé de la défense. D’autres accommodements seraient envisageables pour aboutir à un modus vivendi.
Mais le président et le premier ministre doivent être des civils qui exerceront leurs fonctions avec la plénitude des pouvoirs qui y sont attachés. Le fait que les militaires aient quitté Accra en campant sur leur position qui consiste à vouloir confisquer le pouvoir révèle, au grand jour leur appétit.
Pourtant une « analyse concrète de la situation concrète » devrait les dissuader d’essayer de tenter le diable car ils n’en ont pas les moyens.
S’ils semblent jouir du soutien de la grande majorité des membres de l’Armée, la situation est très précaire et, ce d’autant que les opposants du M5 -qui ont enclenché et porter à bout de bras la désobéissance civile qui a fini par abattre le régime IBK- sont en rébellion .
Même s’ils continuent de prendre des gants et d’utiliser des propos fermes sans acter une rupture ouverte. Le Mali est totalement miné par des affrontements éthiques, jihadistes, avec des revendications politiques, toutes choses qui font régner une insécurité permanente sur le pays.
Si des coups d’Etat militaires étaient la solution cela se saurait. Celui qui a réussi à s’imposer au pouvoir pendant 22 ans et vient de mourir ce jour, Moussa Traoré a fini, lui aussi par être victime d’un coup d’Etat en 1991.
Son tombeur ATT, élu démocratiquement après avoir rendu le pouvoir aux civils et attendu deux mandats pour se présenter aux élections, a aussi succombé à un putsch.
Le capitaine Amadou Sanogo qui avait réussi le coup n’en jouira pas longtemps (20 jours), puis se mit à tirer les ficelles après avoir cédé le pouvoir à un civil Diocounda Traoré et se retrouva finalement derrière les barreaux pendant de longues années avant d’être élargi récemment.
Les mutins de l’heure qui semblent grisés par le pouvoir devraient se remémorer ces expériences catastrophiques qui ont toutes échoué.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La CEDEAO a beaucoup assoupli sa position et cherche manifestement à convaincre les jeunes militaires qui, à l’évidence, manquent d’expérience et hésitent encore à franchir le Rubicon de l’épreuve de force qui va leur être fatal.