Une fraude électorale est en préparation au Mali, selon l’opposition. Alors que la campagne présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 29 juillet bat son plein, l’un des principaux candidats et chef de file de l’opposition à cette élection Soumaila Cissé, a dénoncé vendredi une importante fraude en cours dans le fichier électoral.
Préparation d’une fraude massive
Le camp du candidat de l’URD, Soumaila Cissé, un des principaux favoris à l’élection présidentielle du 29 juillet, remet en cause la fiabilité du fichier électoral. À moins de 10 jours du très attendu scrutin, le chef de file de l’opposition malienne soupçonne implicitement le pouvoir de préparer une fraude massive afin de faire réélire le président IBK. En dépit du gage du gouvernement et des assurances de l’autorité en charge des élections, ces accusations risquent d’entacher la sérénité de l’ensemble du processus qui a pourtant bien démarré.
Ce n’est pourtant et pour l’heure que des soupçons mais dans le camp de Soumaila Cissé, les accusations sont prises très au sérieux. À moins de dix jours du premier tour de la présidentielle qui est prévu pour le 29 juillet prochain, la direction de campagne du principal challenger du président sortant Ibrahim Boubacar Keita (IBK), crie à la fraude.
Lors d’une conférence qu’il a animée, vendredi dernier à Bamako, Tièbilé Dramé, le directeur de campagne du candidat de Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition, a remis en cause la fiabilité du fichier électoral.
« Pour nous, il est impossible d’aller au scrutin avec un fichier pareil », a avertit l’ancien chef de la diplomatie malienne qui entend ainsi montrer l’ampleur des irrégularités qu’ils ont relevés.
Selon ses explications, il a été constaté que le fichier officiel publié sur le site internet de la Délégation générale aux élections (DGE) diffère de celui qui a été audité par les experts commis par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
D’après la même source, le fichier publié comporte plusieurs anomalies notamment des doublons, des centres de vote et des bureaux de vote fictifs ou des électeurs sans photo d’identification. À cela, s’ajoute le fait que sur les 8 000 462 électeurs déclarés dans le fichier audité, celui publié par la DGE fait état de 8.105.654 électeurs.
C’est au total 1.241.574 électeurs potentiellement fictifs qui ont été recensés selon Tièbilé Dramé, pour qui la responsabilité du gouvernement est engagée.
Le directeur de campagne du candidat Soumaila Cissé a fait savoir que tous les faits cités ont été portés à la connaissance du Chef du gouvernement, ajoutant par la même occasion qu’une correction du fichier publié s’impose avant toute élection.
Scrutin sous haute tension
Ce n’est pas la première fois que des accusations de fraudes sont portées par l’opposition qui soupçonne le président IBK de vouloir fausser le jeu électoral pour se faire réélire. Jusque-là sans véritables preuves même si cette fois, le gouvernement a fait semblant de prendre lui-aussi les choses au sérieux.
Le premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga a en tout cas reçu, dans la même journée de vendredi, une délégation de la direction de campagne du candidat Soumaila Cissé. À la suite de cette rencontre, son cabinet a annoncé que plusieurs mesures ont été prises afin de tenir compte des inquiétudes manifestées par certains candidats.
Il s’agit entre autre, de la transmission à tous les candidats, des documents relatifs au fichier audité à l’imprimerie nationale de France, au bon de commande et à la livraison des cartes d’électeurs biométriques, ainsi que la création dès ce jour d’un cadre de concertation autour de l’AGETIC, l’agence nationale des TIC, et la DGE avec les experts nationaux ayant participé à l’audit du fichier électoral et les experts de tous les candidats à l’élection présidentielle qui le souhaitent.
Des engagements et des assurances du gouvernement avec lesquelles l’opposition va devoir certainement y faire vu le délai qui reste avant le jour J.
Candidat pour la troisième fois à un scrutin présidentiel, Soumaila Cissé, ancien ministre et ex-président de la Commission de l’UEMOA, est le challenger le plus en vue du président IBK qu’il a déjà affronté en 2013.
Cette fois, il compte sur le bilan qu’il qualifie de désastreux particulièrement sur le plan sécuritaire, du premier mandat du président sortant pour prendre sa revanche.
Ils seront au total 24 candidats à se soumettre au verdict des urnes le 29 juillet prochain au cours d’un scrutin auquel ont été appelés plus de 8 millions d’électeurs. Malgré le contexte sécuritaire et grâce au soutien logistique de la MINUSMA, le processus se déroule jusqu’à présent globalement bien et plus de 62% des cartes d’électeurs ont déjà été retirées, selon le gouvernement, qui a décrété deux fériés pour accélérer le processus de retrait.