Le gouvernement libyen vient d’accorder un délai de trois jours à deux diplomates égyptiens pour quitter le territoire libyen. Cette décision intervient après la première visite, en Égypte, du Premier ministre libyen du gouvernement parallèle, installé de Benghazi, Mohamad Hamad.

Alors que son gouvernement est désigné par le Parlement et n’est pas reconnu par la communauté internationale, le Premier ministre de l’Est libyen a rencontré son homologue égyptien Moustafa Madbouli.

Le gouvernement de Tripoli a protesté, dans la nuit de dimanche à ce lundi 12 août, contre cette rencontre, en publiant sur le réseau X, ex-Twitter, un communiqué taclant le rôle égyptien en Libye et dénonçant l’unilatéralisme du Caire.

Ainsi, Tripoli proteste contre le fait que le gouvernement égyptien ait reçu « un organisme parallèle qui ne bénéficie d’aucune reconnaissance internationale ». Pour le gouvernement libyen, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, cela constitue « une rupture avec l’unité de la position internationale qui rejette le retour du pays à un état de division et de guerre ».

Dans son communiqué, relayé par RFI, le gouvernement de Tripoli dénonce une position égyptienne qui « contredit clairement le rôle de soutien attendu de l’Égypte dans la crise libyenne », ce qui « menace l’unité et la stabilité du pays. »

Face à ce développement, le Caire demeure silencieux, mais c’est le camp de l’Est libyen qui réagit. Il situe ce déplacement dans le cadre de la coopération entre les deux pays pour la reconstruction de la Libye et considère que cette position de Tripoli est « irresponsable ». Les sociétés égyptiennes sont en effet très actives dans les travaux d’infrastructures dans l’Est libyen, comme à Benghazi ou à Derna.

Ces prémices d’une crise diplomatique entre Tripoli et le Caire interviennent alors que la tension s’est accrue entre l’Est et l’Ouest libyens. La semaine dernière, l’armée nationale libyenne (ANL) a décidé d’avancer vers le sud-ouest de la Libye, vers la frontière avec l’Algérie, une zone actuellement tenue par les forces de Tripoli qui se sont mises en état d’alerte maximal. À Tripoli, cette action est vécue comme une rupture de l’accord de cessez-le-feu de 2021.