Les rideaux sont tombés hier, dimanche 19 janvier 2020, sur la Conférence de Berlin pour la Paix en Libye. Convoquée sur une initiative allemande, la Conférence, dans sa conception, n’avait pas bien appréhendé le rôle prépondérant des pays africains pour toute recherche de solutions à la crise libyenne.
Pour preuve, des pays comme la Tunisie, le Maroc, le Mali, la Mauritanie, etc., n’ont pas été invités à Berlin. L’Algérie voisine, n’a reçu son invitation qu’à la veille de la rencontre. A contrario, les pays européens ont été nombreux à y être invités !
Fort heureusement, l’Afrique a été finalement présente à travers le Président Denis Sassou Nguesso, président du Comité de Haut niveau pour la Libye et le Président de la Commission de l’Union africaine Mahamat Moussa Faki. L’Algérie a été représentée tout comme la Libye via les deux frères belligérants, Fayez Al-Sarraj Président du Conseil présidentiel (GNA) et son alter ego, le Maréchal Khalifa Haftar commandant suprême de la (LNA) qui contrôle près de 80% du territoire libyen. Ces deux derniers n’ont pas participé directement à la Conférence, mais ont tenu des réunions parallèles avec plusieurs délégations.
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Néanmoins, la Conférence a pris des mesures pratiques concernant notamment la création d’une commission de suivi, à la formule de 5+5, composée des 5 membres permanents du Conseil de sécurité (États-unis, Chine, Russie, France et Royaume-uni), en plus des 5 pays régionaux, parties prenantes du conflit libyen, à savoir : L’Allemagne, pays organisateur, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Italie et la Turquie.
Tous les observateurs ont déploré l’absence du président du Comité de haut niveau de l’UA sur la crise libyenne, le Président Denis Sassou Nguesso au sein de cette Commission, de même que le Président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki.
Non obstant cette fonction qui le place au cœur du conflit libyen, Denis Sassou Nguesso est l’un des rares chefs d’État à avoir réuni dans son pays, toutes les factions en conflit en Libye. Il discute avec tous les belligérants et est reconnu par ses pairs comme l’un des plus grands sages du continent, jouissant d’un leadership régional incontesté. Sassou devrait dorénavant s’entourer d’experts qui pourraient l’accompagner dans son action diplomatique.
On note aussi l’absence de l’Algérie et de la Tunisie, voisines directes de la Libye, tout comme l’absence de la Mauritanie, du Niger et du Mali, qui souffrent directement et quotidiennement des conséquences et répercussions de la crise libyenne. Cette aberration a poussé certains observateurs à dire à ce propos que : « les vautours se bousculent autour du cadavre libyen » !
En effet, l’idée de partage des dividendes ne serait pas absente dans la répartition des rôles au sein de la commission de suivi 5+5.
Une telle posture conforte évidemment, les craintes émises quant aux similitudes entre la Conférence de Berlin, convoquée par Angela Merkel et celle de Berlin 1884, initiée par l’Allemagne via « le chancelier de fer » Otto Eduard Von Bismarck. C’était, on s’en souvient, pour partager le continent africain entre les puissances de l’époque.
Entre autres décisions de la Conférence, il y a également la mise en place d’une commission militaire de suivi dont la tâche consisterait à peaufiner un processus de trêve devant aboutir à terme à un véritable cessez-le-feu. On le sait. La trêve proclamée depuis Moscou, le 12 janvier dernier est fréquemment violée par les acteurs en conflit.
L’on suppose qu’elle ne reposait pas sur des fondements solides.
Il s’agirait, dès lors, d’y travailler davantage pour aboutir à des résultats beaucoup plus concrets sur le terrain.
Dans le document final, il est fait état d’un accord sur le respect strict de l’embargo sur les ventes d’armes en direction de la Libye, imposé par la résolution 1970 du Conseil de sécurité.
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Il est demandé aussi, l’arrêt immédiat de toute immixtion extérieure dans le conflit libyen.
Au plan économique, un mécanisme de reconstruction du pays serait mis en place, lequel devrait s’occuper en priorité, de la reconstruction des villes de Benghazi, Derna, Mourzouq, Sebha, Syrte et Tripoli.
Il est également recommandé de préserver les puits de pétrole et de laisser la prérogative de vente du pétrole, exclusivement à la Société nationale de pétrole de la Libye.
Il n’en demeure pas moins que l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé fonde beaucoup d’espoir sur les prochaines rencontres de Genève, qui pourraient aborder les aspects politiques de la question libyenne.
Au même moment, le Président du comité de haut niveau de l’Union africaine, le Président Denis Sassou Nguesso convoque une autre Conférence à Brazzaville le 30 janvier 2020 sur la Libye. Si elle est bien préparée, la Conférence de Brazzaville pourrait constituer un pas important vers la paix en Libye. Il faudrait, naturellement, que le Président Denis Sassou Nguesso y travaille avec des experts qui maîtrisent les aspects géopolitiques.