Comme au Kenya, les juges de la cour suprême du Liberia ont mis les pieds dans le plat pour rebattre les cartes électorales.
Au Libéria, le second tour qui devait opposer Weah à Bokai le 7 novembre est tout simplement annulé. En attendant que les recours et autres réclamations des candidats devancés au premier tour soient examinés. S’il est logique que les recours soient passés au crible avant le tour décisif ; il est incompréhensible qu’aucune date ne soit fixée pour l’affrontement final entre les deux qualifiés.
Tout laisse croire que la cour suprême essaie de casser la dynamique de victoire de Weah. Pourquoi ? Parce que son association avec l’ex-tortionnaire Charles Taylor, par le biais de son ex-femme qui est sa colistière, fait peur à beaucoup. Il y a aussi le manque de confiance de l’establishment vis à vis de l’ex-star de football dont les compétences sont toujours discutées.
Il est vrai que si Weah gagne, des changements profonds vont survenir. Cette perspective est grosse d’incertitudes pour les tenants du pouvoir en place dont l’avenir est en pointillés. Tout ce monde tire les ficelles pour trouver un moyen d’empêcher la victoire du sénateur Weah. C’est dire que rien n’est encore joué au Libéria où la justice devient un acteur au jeu flou. La démocratie va-t-elle être prise en otage par des juges fourbes ?
Ce serait un scandale qui pourrait précipiter le pays dans le chaos. Le deuxième tour doit être organisé le plus rapidement possible pour permettre au peuple de choisir librement son président.
Si Weah gagne et se montre incompétent dans l’exercice de ses fonctions ; il sera sanctionné négativement par les électeurs. Personne ne peut anticiper sur cette question. C’est le « risque de la démocratie ». Comme l’élection de Trump l’a démontré aux USA.
Le peuple libérien est souverain et les juges de la cour suprême ne peuvent se substituer à lui. La « république des juges » ne correspond pas au régime démocratique.
Au Kenya la cour suprême a ajouté de la confusion à la confusion. Elle n’a rien réglé et d’ailleurs on attend qu’elle proclame les résultats définitifs du second tour boycotté par l’opposition.
La corruption des politiques est certes une réalité dans beaucoup de pays du monde ; celle des juges aussi. Ces derniers ne sont pas des anges et il faudrait des mécanismes pour les obliger à respecter les lois ou faire face au pouvoir suprême, en démocratie, qui est celui du peuple. Ce débat est certes d’une rare complexité mais mérite d’être posé après les cas kenyan et libérien, tous les deux en cours.
La soif de publicité et la volonté de pouvoir touchent les juges dans la société mondialisée actuelle où les moyens de communication sont sources de toutes les lumières et de tous les abus. On ne peut pas donner le bon Dieu sans confession à qui que ce soit. Les juges compris.