Entre la junte guinéenne et la CEDEAO, un accord a été conclu pour fixer à 24 mois, la durée de la « transition » (le temps que les militaires putschistes vont rester au pouvoir avant de le céder aux civils).
La CEDEAO a publié un communiqué officiel pour rendre public le « compromis dynamique » trouvé, qui fait reculer Doumbouya -qui voulait s’arc-bouter sur une durée de 3 ans.
Les sanctions brandies par le président en exercice de l’organisation régionale ,Cissoco Embalo, dans des déclarations fermes voire menaçantes ,ont certainement fait réfléchir les putschistes.
Il s’y ajoute que la junte n’a pas les moyens d’une politique de terreur longue durée qui serait nécessaire si elle s’entêtait à confisquer le pouvoir pendant 36 mois.
Elle commençait à s’enfoncer dans une fuite en avant répressive qui a déjà fait de nombreuses victimes ,à savoir des morts et des blessés, sans oublier les condamnations intempestives d’opposants.
Le procès en cours ,avec des accusés comme Dadis Camara,ancien putschiste et Toumba Diakité, l’homme qui a mené ,sur le terrain, la sanglante attaque dans le stade du 28 septembre en 2009 (157 morts et 109 femmes violées),a certainement fait aussi cogiter les putschistes du moment.
Et puis entre 24 et 36 mois ,ils peuvent toujours grignoter du temps et ce d’autant que le chronogramme n’est pas encore fixé rigoureusement.
Quelle date sera retenue pour son début officiel ?
Le communiqué de la CEDEAO ne le précise pas. Le sommet des chefs d’Etat devrait s’en charger.
Si le délai de 24 mois est définitivement acté et que Doumbouya et ses hommes le respectent scrupuleusement, ils pourraient sauver leur tête et abréger les souffrances des guinéens.
Mais ,il ne serait pas concevable que leurs crimes soient passés par pertes et profits.
La justice devra faire son travail d’abord pour situer les responsabilités des uns et des autres, condamner les coupables et étudier, ensuite, à l’initiative des autorités politiques nouvelles, des voies et moyens de gracier certains et même d’amnistier d’autres.
Seules des autorités démocratiquement élues ,auraient la légitimité d’agir dans ce sens.
On n’en est pas là, pour l’heure ; il faut boucler les négociations avec la junte et l’appuyer, dans la tâche de pacification sociale, en vue de préparer les différentes étapes pour un retour des civils au pouvoir.
Avec une nouvelle Constitution et des Institutions à même de garantir une vraie séparation des pouvoirs, pour empêcher l’avènement d’une dictature, comme celle instaurée par Alpha Condé.
Une réconciliation nationale véritable est indispensable pour « enjamber » la question ethniciste,instrumentalisée depuis plus de 60 ans en Guinée ,avant d’agir politiquement ,pour l’éradiquer.
Cela prendra du temps mais une Guinée libre, démocratique et fraternelle en vaut la peine.