La commission électorale de Guinée a choisi le dimanche 22 mars pour la tenue d’un référendum constitutionnel couplé à des législatives, initialement prévus le 1er mars. Ce nouveau calendrier électoral doit encore passer l’obstacle de la Cour constitutionnelle.
Le pouvoir a reporté ces consultations au dernier moment, dans un contexte de fortes tensions, de vive contestation de la part de l’opposition et de critiques émanant de la communauté internationale. Le président Condé avait annoncé un « report léger » de deux semaines.
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Amadou Salif Kébé, avait proposé discrètement lundi que le scrutin ait lieu le 15 mars, mais la Cour suprême a rejeté sa requête, selon un arrêt de la haute juridiction relayé par l’AFP.
La commission électorale s’est à nouveau réunie jeudi et a « entériné la date du 22 mars pour la tenue du double scrutin législatif et référendaire », a déclaré le porte-parole de la Céni, Aly Bokar Samoura.
« Mais il faut attendre qu’on la soumette à la Cour constitutionnelle et que le président de la République prenne un décret pour qu’elle soit diffusée officiellement », a-t-il ajouté. Un membre de la CENI s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a reconnu que la décision de proposer le 22 mars avait été prise « sans trop d’illusions », car « sous la pression », selon l’AFP.
La Guinée est en proie depuis octobre à des manifestations contre l’intention prêtée à Alpha Condé de briguer un troisième mandat fin 2020. Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués depuis.
L’organisation du référendum sur une nouvelle Constitution et son couplage avec les élections législatives, reportées à plusieurs reprises, devaient servir à Alpha Condé à mener à bien son projet, accuse l’opposition.
L’opposition, dénonçant spécifiquement un fichier électoral truqué et disproportionné par rapport à la population du pays, avait décidé de boycotter les scrutins du 1er mars. Le délai pour organiser ces consultations paraît à nouveau très court, des experts ouest-africains ayant recommandé comme préalable de retirer près de 2,5 millions de noms des listes électorales car ils « ne disposent d’aucune pièce justificative ».