Plus de trois mois de contestation en Guinée mettent à l’épreuve son économie. Le pays est déjà l’un des plus pauvres du monde malgré les richesses de son sous-sol. L’opposition annonce deux nouvelles journées de mobilisation à risques cette semaine, sans aucun signe de décrispation en vue.
Difficile de chiffrer l’impact économique de la protestation. Mais « l’approvisionnement est totalement perturbé », selon l’économiste et ancien ministre de la Pêche Boubacar Barry, cité par l’AFP. Du coup, les prix augmentent. « La conséquence la plus évidente, c’est la baisse du pouvoir d’achat », ajoute-t-il.
Propriétaire d’un magasin dans la banlieue de Conakry, Mariama Barry rapporte que son chiffre d’affaires a chuté et que « plus personne n’ose faire de stocks » parmi les commerçants. Elle a aussi dû engager du personnel de sécurité pour protéger son commerce.
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Selon l’AFP, des images de sabotage des voies ferrées transportant le minerai ont circulé massivement sur les réseaux sociaux. Dans un signe apparent d’extrême sensibilité, le gouvernement a été prompt à démentir que l’activité ait été affectée.
Le chef du collectif d’opposition, Abdourahmane Sanoh, reconnaît qu’il est impossible de quantifier l’effet de la protestation sur l’économie, même s’il est réel. « L’économie est paralysée, les gens ne peuvent plus vendre leurs biens », dit-il. Mais, nuance-t-il, l’objectif principal est de pousser la communauté internationale à engager une médiation, pas de ruiner le pays.
Rappelons que la Guinée est le théâtre depuis mi-octobre de protestations plusieurs fois durement réprimées et de troubles à travers le pays. Au moins 26 civils et un gendarme ont été tués. La tension est encore montée d’un cran ces dernières semaines, des commerces ont été pillés, des bâtiments publics saccagés, des routes bloquées.
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L’opposition constituée en collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile qui mène le mouvement se dit résolu à faire barrage au projet qu’il prête au président Alpha Condé, 81 ans, de briguer un troisième mandat à la fin de l’année, alors que l’actuelle Constitution en limite le nombre à deux.
Le collectif ne se contente pas de faire descendre les Guinéens dans la rue par dizaines ou centaines de milliers. Il appelle à la résistance, y compris dans le secteur économique. Il a demandé aux « compagnies minières, banques, usines, stations service et aux autres entreprises publiques et privées de suspendre toute activité » les jours de manifestation.