Les opposants à un troisième mandat du président guinéen Alpha Condé se sont mobilisés dans les rues de Conakry.

Qualifié d’« opposant historique », Alpha Condé s’est lové dans le manteau de la dictature qui, elle semble ahistorique en Guinée, où les régimes passent et le règne du chef perdure.

De Sékou Touré à Lansana Conté et, aujourd’hui Alpha Condé les manifestants sont massacrés, les prisons bondées et les élections truquées. Touré et Conté n’ont jamais revendiqué la démocratie, contrairement à Condé qui ne s’en prévaut que pour mieux la fouler au pied.

Après des années de tergiversations, il a décidé d’organiser des législatives au mois de février qui seront boycottées par l’opposition. Il n’en a cure, car cela va lui faciliter la tâche : bourrer les urnes, s’assurer une majorité de plus des deux tiers au Parlement pour faire adopter le projet de réforme constitutionnel qui lui tient à cœur, et briguer ainsi et obtenir un troisième mandat, que la Constitution interdit.

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Pour arriver à ses fins, Alpha Condé, âgé de 82 ans ne reculera devant rien. Seule une communauté internationale mobilisée et déterminée, et des citoyens guinéens davantage soudés et prêts à en découdre avec les forces de la répression, pourront l’empêcher de réaliser son ambition autocratique.

Cette fois, ce sera à quitte ou double, car le temps joue contre l’octogénaire Condé qui se donne encore 12 ans de pouvoir, si on considère le projet de constitution qu’il défend : « un mandat présidentiel de 6 ans au lieu des 5 actuels, renouvelable une fois ». A supposer que Condé réussisse son coup, il resterait encore 12 ans au pouvoir, à l’âge canonique de 94 ans ?

En vérité, l’homme veut le pouvoir à vie, sans doute pour rattraper tout le temps perdu dans l’opposition, avec les frustrations et le séjour en prison qui ne lui a pas laissé de bons souvenirs. Condé est un pouvoiriste névrotique et c’est pour quoi les morts, les blessés et la désolation des populations le laissent de marbre. Depuis le mois d’octobre, 21 morts sont dénombrés, officiellement du fait des répressions des forces de l’ordre sur les manifestants pacifiques. Les blessés se comptent par dizaines et vogue la galère.

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Assuré du soutien de l’armée corrompue et ethniciste, comme lui, il n’a peur de rien. Sauf d’une pression menaçante de la communauté internationale. La sortie de Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères qui appelle à l’apaisement n’est pas suffisamment dissuasive. C’est la CPI (cour pénale internationale) qui doit adresser une mise en garde à Condé pour lui faire comprendre que ses exactions et/ou crimes ne resteront pas impunis.

L’union européenne doit aussi taper sur la table car, il ne faut pas attendre beaucoup de l’Union Africaine où Condé a des soutiens, autocrates comme lui qui se sont donnés le droit de réprimer à huis clos. L’ONU a des raisons de s’inquiéter et d ‘élever la voix, ne serait-ce que pour se signaler à l’attention du dictateur. Les pressions extérieures multiformes pourraient lui dessiller les yeux et le pousser à vouloir assurer ses arrières. Se retrouver à la Haye n’est pas une bonne perspective de retraite politique. Etre en exil, non plus.

Le temps d’agir c’est maintenant car une fois, le chemin des urnes ouvert pour les législatives, le sang va couler et c’est inéluctable. Cette dérive peut, cependant être évitée, maintenant si la communauté internationale écoute le cri du cœur des citoyens guinéens et vole à leur secours.

 

Maintenant ! Demain, il sera trop tard.