Ancienne manifestation contre Alpha Condé (archives)

32 personnes tuées, 90 autres blessées, et de très nombreux dégâts matériels. C’est le lourd bilan des violences qui ont eu lieu dans la ville de Nzérékoré, dans le Sud de la Guinée, le 22 mars 2020 lors du double scrutin, (Référendum et législatives), selon les résultats de l’enquête publiée par l’ONG Human Rights Watch. Un rapport qui met en cause les forces de sécurité guinéennes dans ces massacres.

Le double scrutin de mars dernier en Guinée a été marqué par de fortes violences, notamment à Nzérékoré où des bureaux de vote ont été attaqués, des lieux de culte incendiés et des dizaines de personnes tuées. Selon HRW qui a enquêté sur ce drame, les forces de défense et de sécurité guinéennes n’ont « pas fait assez », pour arrêter les affrontements intercommunautaires qui ont éclaté lors du vote. Pire encore, l’ONG accuse les forces de l’ordre d’avoir commis des violations des Droits de l’homme.

« Des personnes nous ont raconté comment des gens ont été tués par balles, battus à morts, attaqués à coups de machettes et de couteaux. Une personne a été brûlée vive dans un hôtel, une jeune fille a été violée par plusieurs hommes en armes. La plupart des meurtres ont été commis par des citoyens armés des différentes communautés mais nous avons également découvert que des forces de sécurité avaient elles-mêmes tué des gens », a indiqué IIaria Allegrozzi, chercheuse à Human Rights Watch, dans des propos rapportés par RFI.

Une fosse commune creusée pour les morts

Toujours selon l’ONG, des documents officiels attestent de l’existence d’une fosse commune creusée pour des raisons «sanitaires », l’hôpital étant débordé et la putréfaction des corps rendant l’atmosphère «irrespirable ».

Toutefois, le gouvernement conteste les méthodes de travail de l’ONG, même s’il admet que les forces de défense et de sécurité ont pu être débordées par la violence des évènements. 

« L’opposition avait clairement annoncé qu’ils empêcheraient ce scrutin. Et donc les troupes sont intervenues de la manière violente dont l’opposition a voulu empêcher les Guinéens d’aller voter. Nous avons une responsabilité globale, certes, de maintenir l’ordre public et de préserver la paix sociale, encore faudrait-il faire la distinction entre les gens qui sont effectivement coupables de ce qui s’est passé et le fait que parfois, les forces de l’ordre ont pu être débordées par les affrontements intercommunautaires », a, en effet, déclaré Albert Damantang Camara, ministre de la Sécurité.

Alors que l’ONG craint de nouvelles violences lors de l’élection Présidentielle du 18 octobre prochain, le gouvernement affirme que «toutes les mesures sont prises », particulièrement dans la zone en question.

Le Président sortant Alpha Condé, est accusé d’avoir tenu un discours ethniciste et guerrier lors de son premier message de campagne. 

« Cette élection n’est pas seulement une élection, c’est comme si nous étions en guerre», avait déclaré M. Condé, dont les propos en langue malinké par visioconférence à ses partisans à Siguiri, dans son bastion électoral de l’Est du pays, ont été diffusés mardi dernier par la télévision nationale.

« Si vous votez pour un candidat malinké qui n’est pas du RPG, (Rassemblement du peuple de Guinée, au pouvoir, NDLR), c’est comme si vous votiez pour Cellou Dalein Diallo », le principal opposant, membre de la communauté peule, avait ajouté Alpha Condé.