Les élections législatives prévues le 16 février sont reportées au 1er mars. C’est le président Alpha Condé qui a signé le décret publié hier soir. Il l’a fait contraint et forcé car 7 membres de la CENI (commission électorale nationale indépendante) avaient démissionné, pour protester contre « la gestion opaque du processus électoral ».
Il s’y ajoute que des chefs religieux étaient intervenus pour qu’un report soit décidé pour donner une chance au dialogue, afin de trouver une solution qui éviterait le boycott du scrutin par les opposants. L’évident est que Condé est face au mur du réel : les conditions ne sont pas réunies pour organiser des législatives crédibles en Guinée.
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Tout le monde sait que l’empressement du président est lié à sa volonté farouche de changer la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. Il est assurément engagé dans une course contre la montre et ne va reculer devant rien, ni personne, sauf si une mobilisation exceptionnelle des guinéens, soutenue par la communauté internationale ne lui barre la route. Ce report est déjà une victoire pour les opposants.
Mais la date du 1 er Mars est très rapprochée et, il n’y a pas assez de temps pour bâtir un consensus, si jamais cela était possible avec un homme drogué de pouvoir. Les religieux ont certes une réelle influence mais n’ont jamais empêché Condé de commettre des exactions sanglantes. Cette fois ci, il est acculé et n’a plus que deux options : respecter la constitution et quitter le pouvoir, ou faire couler le sang et essayer de rester aux commandes.
Tous les actes posés jusqu’ici montrent que Condé ne va pas céder. Sa reculade sur la date des législatives est un premier signe de faiblesse cependant car la démission des 7 commissaires de la CENI est un coup politique rude qu’il vient d’encaisser. C’est une opportunité pour la communauté internationale de reprendre la balle au bond et d’exiger la mise sur pied d’une CENI compétente et impartiale.
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Une mission de la CEDEAO, de l’UA ou de l’ONU devrait se rendre sur place pour entamer une médiation. Condé qui vient d’envoyer une mission en Guinée-Bissau, serait mis en face de ses propres responsabilités. Quand on joue les médiateurs, on devrait aussi accepter de les recevoir chez soi.
La communauté internationale a des fenêtres de tir en Guinée et ne les a pas encore utilisées. Le temps est compté et des vies humaines sont en jeu. Le temps d’agir n’attend pas, si on peut dire. Condé joue la montre, avec une mauvaise foi sans bornes.