Les opposants à un troisième mandat du président guinéen Alpha Condé se sont mobilisés dans les rues de Conakry.

Le décret présidentiel, lu hier à la télévision nationale a certes décidé d’un petit report des législatives du 16 février au 1er mars 2020, mais a aussi invité le corps électoral à se prononcer sur les réformes constitutionnelles à travers un référendum, très contesté.

Le Professeur Alpha Condé a glissé subtilement son référendum dans le dit décret, lequel se tiendra dès lors  en même temps que les législatives. Or, le référendum, c’est une évidence, constitue la pomme de discorde, puisqu’il est destiné à “légaliser” le hold-up constitutionnel visant à faire sauter le verrou qui empêchait le Président sortant de briguer un troisième mandat.

En couplant les législatives avec le référendum, Condé défie l’opposition ainsi que les membres de la société civile qui se sont battus pour empêcher le forcing de Condé.

Il fait également un pied de nez à la communauté internationale, qui a naïvement ou hypocritement compté sur la sagesse du médiateur de la CEDEAO dans l’autre Guinée voisine !

L’intervention des chefs religieux guinéens avait fait espérer certains esprits faibles, mais c’était sans compter avec l’entêtement aveugle du Président Condé qui tient à son 3ème  mandat comme à la prunelle de ses yeux.

La ruse est grotesque !

Reporter les législatives de deux semaines, pour faire semblant de se conformer aux recommandations des médiateurs religieux tout en imposant son référendum en guise de contrepartie de sa simulacre de reculade.

Il cherche visiblement à profiter d’un éventuel boycott de l’opposition significative pour rafler le maxime de sièges au sein de l’hémicycle. Ce qui lui permettrait de continuer à gouverner avec des lois votées de manière mécanique par une prétendue Assemblée, taillée sur mesure.

Mise devant le fait accompli, l’opposition joue son avenir. Soit, elle réussit à mobiliser les populations pour engager un combat de rue, ou elle déserte le champ de bataille et se range derrière la société civile qui semble reprendre le leadership de la rue.

Dans un tel scénario, les partis politiques auront signé leur acte de mort et vont courir le risque d’être relégués à jamais à l’arrière-plan de la bataille politique.

Face aux hypothèses catastrophiques qui planent sur la scène politique guinéenne, tous les regards sont tournés vers la Cedeao, l’Union africaine voire le Conseil de sécurité des Nations unies.

Ces organismes internationaux et régionaux vont-ils laisser Condé mater des populations civiles sans armes ou vont-ils jouer le rôle qu’on attend d’eux, à savoir, user d’une ingérence d’anticipation, pour que le sang ne continue plus à couler dans le pays de Samory Touré.

Les prochains jours nous rapporteront la réponse à cette angoissante