A la table du dialogue national, qui commence ce mardi, tout le monde est convié : partis politiques, société civile, groupements corporatistes, banquiers, chefs d’entreprises, investisseurs, etc.
L’option est bonne ; reste à relever le défi de l’organisation d’un dialogue, sans programme précis.
Il est vrai que l’objectif ultime est la mise sur pied d’un gouvernement d’Union nationale.
C’est pourquoi, il est logique de penser que les militaires du CNRD (Comité national pour le rassemblement et le développement), veulent d’abord écouter tous les acteurs pour identifier les points de convergence, avant de faire des choix pour la composition du gouvernement de transition.
Le colonel Mamady Doumbouya et ses hommes ont raison d’avancer sans précipitation, même si le temps de l’état de grâce est compté.
Pour le moment, tout le monde est partant pour un dialogue inclusif, y compris le parti du président déchu, Alpha Condé, le RPG.
En effet, suite à une rencontre des responsables du parti avec les militants, il a été décidé de répondre favorablement à l’invitation au dialogue lancée par les putschistes.
Les partisans de Condé ne veulent pas insulter l’avenir et vont donc prendre le chemin du Palais du peuple, ce mardi, où se tient ce qui va être une sorte de « Conférence nationale ».
Ce choix est comme une acceptation du fait accompli, qui enracine un nouveau régime en Guinée.
Le curieux est que ,presque tout le monde a tourné le dos à l’autocrate destitué et mis aux arrêts dans ce qui fut naguère, son palais.
Pour les concertations qui commencent et qui vont s’étaler sur une semaine, aucune limitation thématique n’est imposée ;même si les créneaux, par groupe, est fixé à 2 heures.
Tenir dans cette fourchette de temps imparti, pour un si grand nombre estimé de participants, pourrait être une gageure.
Mais les militaires savent qu’ils n’ont pas un temps perpétuel devant eux.
Les organisations internationales (UA, CEDEAO, ONU et autres), sont aux aguets ; les Etats occidentaux aussi, sans oublier les ONG internationales.
Si l’objectif premier est la formation d’un gouvernement crédible, inclusif et composé de cadres compétents et représentatifs de l’ensemble de la population, dans sa diversité ethnique, confessionnelle, régionale etc. Il y a aussi l’équilibre au sein des forces armées à trouver, pour ne frustrer personne.
C’est la condition sine qua none pour cimenter l’unité de l’Armée autour du colonel Doumbouya.
Si la détestation de Condé est la cause unificatrice, avec le rejet, de son autoritarisme, le partage du pouvoir, va être un enjeu fondamental.
Pour l’opposition, c’est le séquençage des différentes étapes, en vue d’organiser des élections générales, qui est l’aune à laquelle tout sera jugé.
Il y aura nécessairement de l’impatience et les militaires doivent prendre cela en compte.
Si des propositions pertinentes et/ou majoritaires sur la durée de la transition sont faites, ce sera pain béni pour eux.
Pourtant, toute volonté de manipuler la durée de la transition pourrait violer l’état de grâce actuel.
Curieusement les concertations ouvertes vont être l’épreuve du feu de putschistes, qui jusqu’ici, semblent marcher sur l’eau.
Les morsures du réel politique vont se faire sentir et les capacités de leadership de Doumbouya et ses camarades vont être testées.