La bataille fratricide entre le président sortant, José Maria Vaz et son ancien premier ministre Domingo Simoes Pereira sera l’événement politique majeur de la présidentielle du 24 novembre prochain.
Ce sera l’occasion pour ses deux ennemis jurés, l’un transfuge et l’autre, toujours leader du PAIGC, parti historique qui a libéré le pays du joug colonial portugais, de régler, définitivement leurs comptes.
Entre Vaz et Pereira, l’animosité dépasse l’opposition politique. Elle est personnelle et irréductible. Vaz avait limogé Pereira, du poste de premier ministre, en 2015 et a refusé de le « renommer », après la nouvelle victoire aux législatives de cette année. Les multiples pressions et, l’impératif de respecter la Constitution, n’ont pas fait fléchir le président Vaz. Il est resté droit dans ses bottes et a fini par choisir une personnalité, certes membre du PAIGC (parti majoritaire), mais qui n’en est pas leader.
La compétition présidentielle va donc départager les deux, au terme d’une campagne électorale de tous les dangers. C’est pour quoi, la CEDEAO -qui a encore des forces militaires stationnées dans le pays- doit continuer à veiller au grain. Et à mettre en garde les acteurs politiques.
Cela est valable pour Vaz et Pereira, mais aussi pour tous les autres, notamment Umaru Emballo, lui aussi ancien premier ministre de Vaz, et qui défend les couleurs du parti MADEM, composé de transfuges du PAIGC.
Il y a aussi, la candidature de l’ex-premier ministre Carlos Gomez Jr qui doit être prise au sérieux car l’homme a de la ressource, au propre comme au figuré. Son retour à Bissau est une surprise car il y focalise beaucoup d’oppositions. Il y a des partisans, cependant.
On le voit, le rendez-vous électoral du 24 novembre suscite de nombreuses interrogations dans un petit pays où compétition politique rime souvent avec violence. L’émiettement du champ politique, avec la multiplicité des candidatures peut être un sujet de préoccupation.
Les rivalités sont exacerbées et, nul ne peut oublier que l’Armée a toujours joué un rôle déterminant dans les multiples coups d’État qui ont ensanglanté la Guinée-Bissau, depuis son accession à la souveraineté internationale, en 1974.
La CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest) doit s’impliquer, de manière efficace, en laissant le jeu démocratique se dérouler, tout en maintenant une présence discrète et dissuasive. Elle le fait, avec succès, depuis quatre ans ; et doit continuer à relever le défi.