Le président José Mario Vaz a gagné le bras de fer qui l’a opposé au PAIGC, parti vainqueur des législatives du 10 mars. En effet, il a refusé, jusqu’au bout de nommer le président du PAIGC, Domingo Simoes Pereira à la tête du gouvernement.
Après trois mois, l’épreuve de force a tourné à son avantage et le PAIGC a accepté la reconduction du premier ministre sortant, Aristide Gomez qui est, aussi membre du parti.
Ainsi, la Guinée-Bissau évite de justesse de subir des sanctions de la CEDEAO qui avait lancé un ultimatum pour la désignation du chef du gouvernement qui prenait fin ce jour. Mais, la confrontation politique et personnelle entre le président Vaz et le leader du PAIGC, Pereira va se poursuivre.
Les deux hommes se détestent cordialement et tout indique qu’ils vont encore s’affronter lors de la présidentielle fixée au 24 novembre. Ce sera un combat face à face, ou par procuration.
En attendant la Guinée-Bissau devrait « respirer » et ses populations, prises en otage par une bataille politique surréaliste, se sentir soulagées. Rien n’est en fait réglé dans ce pays où la lutte pour le pouvoir est d’une rare férocité, comme l’ont démontré les multiples coups d’État qui ont ensanglanté le pays depuis plus de 40 ans.
Heureusement que la CEDEAO veille au grain et exerce un véritable devoir d’ingérence, sur place. La campagne électorale pour la présidentielle va être l’occasion d’un nouvel épisode dans la guerre des « frères-camarades » qui a déjà endeuillé de nombreuses familles de petit État.
Parce qu’avec le pouvoir, il y a des enjeux économiques et financiers énormes liés au trafic de drogue et à l’accaparement des maigres ressources nationales. Même schéma au Sud-Soudan, où c’est l’exploitation pétrolière et les revenus qu’elle génère qui met le feu aux poudres. Comme quoi la guérilla triomphante peut aussi renier son idéal.