Les chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO ont conclu, hier soir, leur sommet à Accra, en décidant de durcir les sanctions prises individuellement contre les putschistes maliens et guinéens.
Ils sont, tous, interdits de voyage, ainsi que les membres de leurs familles.
Leurs avoirs sont gelés.
Ces sanctions s’appliquent aussi à tous les membres des institutions mises sur pied pour les transitions malienne et guinéenne.
La CEDEAO exige la libération inconditionnelle de Alpha Condé et la tenue des élections présidentielles le 27 février 2022, comme prévu, au Mali.
Pour la Guinée, un délai de 6 mois est fixé pour l’organisation des élections.
On le voit : les chefs d’Etat ont cherché à envoyer un message de fermeté et ont demandé à l’Union africaine et à l’ONU de les aider à mettre en œuvre les sanctions.
Toutefois, en ce qui concerne la Guinée, ils apprécient positivement la nomination d’un Premier ministre, l’adoption de la Charte de la Transition et la nomination d’un nouveau gouvernement.
Dans un souci d’accompagner les militaires au pouvoir, ils ont nommé un Envoyé spécial, en la personne de Mohamed Ibn Chambas, ancien président de la Commission de la CEDEAO, comme Représentant à Conakry.
La porte du dialogue est ainsi ouverte ; même si le délai imposé de 6 mois, pour l’organisation d’élections, dans le but de restaurer l’ordre constitutionnel, est impossible à tenir.
Un triple constat peut être fait : les chefs d’Etat prennent acte de la fin du régime Condé. Ils poussent certes, pour la restauration de l’ordre constitutionnel, mais avec d’autres acteurs élus.
Ils demandent un chronogramme concernant la Transition ; ce qui laisse la main aux putschistes.
En vérité, les cas malien et guinéen sont différents : Goita et ses hommes sont dans une logique de confiscation du pouvoir qui saute aux yeux.
Le gouvernement de Choguel Maiga a envoyé une lettre officielle à la CEDEAO pour préciser qu’il n’est pas en mesure d’organiser les élections en février 2022.
Un acte de défiance est posé et une volonté d’engager une épreuve de force, aussi.
En Guinée, on n’en est pas là, car l’action de Mamady Doumbouya jusqu’ici, est marquée du sceau du bon sens : purge pacifique du commandement territorial et de l’armée, de manière pacifique, à la grande satisfaction des populations, choix d’un Premier ministre consensuel et nomination d’un gouvernement resserré.
Reste effectivement le chronogramme que réclame la CEDEAO, qui sans le dire, est bien ouverte au dialogue, comme la nomination de Chambas le prouve.
Pour les sanctions individuelles, il s’agit d’une question de principe et d’une volonté d’efficacité.
Cela se comprend car les putschistes maliens méritent d’être sanctionnés et menacés.
Pas les militaires guinéens qui ont libéré leur peuple du joug d’un dictateur.
La CEDEAO est bien dans son rôle, qu’il a cependant oublié de jouer pendant longtemps, lorsque Alpha Condé pillait le pays, emprisonnait et réprimait.