L’ex-président gambien Yahya Jammeh, en exil en Guinée-équatoriale depuis sa chute il y a trois ans, serait « immédiatement arrêté » s’il revenait au pays, selon le ministre gambien de la Justice.
La déclaration du ministre gambien intervient après une récente manifestation pour le retour de l’ex-dirigeant. « Si jamais l’ancien président Yahya Jammeh retournait au pays, il serait immédiatement arrêté et poursuivi pour les plus graves affaires », a déclaré Abubacarr Tambadou, dans un discours consacré à la nouvelle année judiciaire en Gambie.
Lire aussi | DES MILLIERS DE GAMBIENS RÉCLAMENT LE DÉPART DU PRÉSIDENT BARROW
Dans un récent enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux, Jammeh réclamait le respect de ce qu’il considère comme ses droits, et notamment celui de rentrer. Des milliers de ses partisans ont également manifesté jeudi dans la capitale Banjul pour réclamer son retour d’exil. Cette polémique survient alors que les travaux de la Commission Vérité Réconciliation doivent reprendre lundi matin, selon l’AFP.
« Après un an d’auditions (de témoins) et alors que nous entrons probablement dans la seconde et dernière année, on ne peut plus écarter les crimes contre l’humanité commis en Gambie entre juillet 1994 et janvier 2017, sous l’ancien président Yahya Jammeh. Ceux identifiés par la Commission seront portés devant la justice », a ajouté le ministre gambien.
La Commission a été établie en 2017 et a débuté ses auditions en janvier 2019. Sa mission est d’enquêter sur les violations des droits humains entre 1994 et 2016, favoriser la recherche de la justice et des réparations pour les victimes, oeuvrer à la réconciliation.
Lire aussi | Un début d’année rythmé par les manifs à Banjul
Officier arrivé à la tête de la Gambie par un coup d’Etat en 1994, Yahya Jammeh a dirigé pendant 22 ans un régime de féroce répression. Il a été poussé à s’exiler en Guinée-Equatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.
Dans un communiqué publié à l’époque, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et les Nations unies s’engageaient à oeuvrer pour le respect de la sécurité et des droits de Yahya Jammeh, et notamment celui de rentrer en tant que citoyen et ancien chef de l’État.