Le premier ministre Emmanuel Issoze Ndong annonce l’ouverture du « dialogue national » voulu par le président Ali Bongo la semaine prochaine.
Ainsi six mois après la présidentielle très contestée du 27 août, les acteurs politiques vont se retrouver pour des discussions franches et sans tabou pour sortir le Gabon de son traumatisme post-électoral. Tel semble le souhait des autorités; mais le principal opposant Jean Ping refuse tout dialogue et s’accroche à sa « victoire », renforcé par la dernière déclaration des parlementaires européens qui qualifient les « résultats du scrutin présidentiel de très douteux ».
À l’évidence le problème reste entier pour le régime tant que Ping ne participe pas au dialogue. Mais comment le convaincre ?
Entamer le dialogue avec tous ceux qui répondront à l’appel et avoir le courage d’aborder les questions de fond concernant la réduction du mandat présidentiel qui pourrait passer de 7 à 5 ans. Changer le mode de scrutin à un tour pour adopter celui à deux tours comme dans toutes les démocraties majeures.
Associer la communauté internationale, avec des observateurs, et solliciter ses avis. Et surtout s’engager à ne plus rien modifier, une fois qu’un consensus aura été trouvé.
Il faudra donc donner des gages à l’opposition pour la rassurer et la convaincre que plus rien ne sera comme avant.
On peut regretter que le délai attendu soit trop long; mais tout le monde comprend qu’il fallait donner du temps au temps et calmer les esprits. Avant de relancer le dialogue qui vient à son heure.
Le succès est impératif car il est la condition sine qua none pour une poursuite du processus électoral et démocratique. Les législatives reportées devront être organisées dans un climat apaisé entre des acteurs qui se font confiance.
Sinon le blocage qui persiste est gros de tous les dangers.
Il est heureux que le président Bongo ait pris conscience de la gravité de la situation et lance le processus de dialogue national qui va prendre beaucoup de temps.
Parce que les contentieux sont nombreux et la méfiance très grande. C’est pour quoi l’appui de la communauté internationale est important. Mais il appartient aux gabonais de résoudre leurs propres problèmes de manière lucide et réaliste.
Jean Ping est amer et cela doit être pris en compte par le pouvoir.
Entre Ali Bongo et Ping, des discussions sont possibles et des passerelles existent. Il faut que le président fasse des concessions sérieuses qui vont pousser son rival à sortir de son « bunker politique » sans perdre la face.
C’est possible comme l’ont démontré d’autres acteurs politiques au Gabon et dans d’autres pays africains. Les guerres entre Etats et les guerres civiles finissent à la table des négociations et la politique est l’art du possible.
Le peuple gabonais aspire à la paix et au développement économique et social. Il attend de ses leaders de pouvoir transcender les différends politiques quels qu’ils soient.
La balle est aussi bien dans le camp de Ali Bongo que dans celui de Jean Ping. Il s’y ajoute que les deux ont des liens de sang. Ils sont tous les deux des patriotes et des héritiers politiques de Omar Bongo. Alors l’espoir est permis.