L’Ethiopie n’a pas d’intentions belliqueuses vis-à-vis de ses voisins mais n’abandonnera pas sa prétention à un accès à la Mer rouge, a réaffirmé hier mardi son Premier ministre Abiy Ahmed aux députés.
Le 13 octobre, le Premier ministre Abiy avait suscité l’inquiétude en expliquant dans un long discours télévisé que la paix dans la région dépendait d’un accès à la Mer rouge pour l’Ethiopie enclavée et ses 120 millions d’habitants qui en font le 2e pays le plus peuplé d’Afrique. Deux semaines plus tard, il avait toutefois assuré que l’Ethiopie ne ferait “pas valoir ses intérêts par la guerre” mais uniquement par le dialogue.
“Nous ne projetons aucunement d’envahir d’autres pays, mais nous continuerons de réclamer sans réserve un accès portuaire” sur la Mer rouge, a répété mardi M. Abiy, répondant aux questions des députés, dont plus de 95% sont membres de son Parti de la Prospérité.
“Ne pas avoir d’accès à la mer va rester un problème majeur pour” l’Ethiopie, dont “l’économie et la population croissent”, a souligné le Premier ministre, niant toute velléité de “menacer la souveraineté” de l’Erythrée voisine, qui a offert à l’Ethiopie une façade maritime lorsqu’elle lui fut rattachée entre 1952 et 1991. L’Ethiopie veut “discuter aujourd’hui” avec les pays voisins, car “nous ne savons pas ce que l’avenir réserve si cette demande d’accès à la mer de l’Ethiopie n’est pas résolue pacifiquement aujourd’hui”, a-t-il martelé.
M. Abiy, prix Nobel de la Paix en 2019 pour son rapprochement avec l’Erythrée, après 30 ans de guerre ouverte ou larvée, a souligné que l’Ethiopie ne pouvait plus dépendre, comme aujourd’hui, du seul port de Djibouti pour son approvisionnement, agitant le spectre de la faim si l’Ethiopie n’y avait soudainement plus accès.
“Nous n’avons pas choisi de résoudre cela via un conflit. Nous avons dit ‘prévenons un conflit’. Si les gens ont faim, ils feront tout plutôt que d’accepter de mourir”, a-t-il expliqué, assurant vouloir un “développement équitable et mutuel” des pays de la Corne de l’Afrique. M. Abiy s’est dit prêt à discuter n’importe quand avec les pays de la région d’une “intégration régionale en Afrique de l’Est” favorisant “le commerce transfrontalier”.