Les planteurs de cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, poursuivent leur offensive médiatique contre les multinationales du chocolat qu’ils accusent de les réduire à la misère en sous-payant « l’or brun », les menaçant de « boycott ».
« Nous boycotterons les activités de tous les industriels qui s’opposeront à la DRD », ont déclaré dans un communiqué commun quatre importantes organisations de cacaoculteurs (FOPCC, ANACACI, APROPAM et FNFPCC).
Le DRD est présenté comme le différentiel de revenu décent, une prime de 400 dollars par tonne de cacao (en sus du prix du marché) censée être payée par les multinationales pour les planteurs. Les 4 organisations de cacaoculteurs avaient réuni quelque 500 délégués à Yamoussoukro, lors d’une rencontre avec le Conseil Café Cacao (CCC), l’organe public de gestion de la filière.
Les dirigeants des quatre organisations ont cité la suspension de leur « collaboration sur les programmes de durabilité et de certification » et même menacé d’arrêter de produire du cacao.
Une question de survie
« C’est une question de survie. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout. Nous pouvons suspendre notre production de cacao pendant un an ou deux et nous tourner vers d’autres cultures », a déclaré Soro Penatirgué, président de l’Association nationale des coopératives agricoles de Côte d’Ivoire (ANACACI), cité par l’AFP.
Cette nouvelle offensive médiatique survient après les accusations publiquement lancées lundi par la Côte d’Ivoire et le Ghana contre deux géants chocolatiers américains, Hershey et Mars, de ne pas payer le DRD. Ces pays sont les deux premiers producteurs de cacao mondiaux avec respectivement plus de 40 et 20% du marché.
Le CCC et son homologue du Ghana le Cocobod ont annoncé la suspension immédiate de tous les programmes de certification de Hershey dans les deux pays. La Côte d’Ivoire, où le président Alassane Ouattara vient d’être réélu, et le Ghana, où le président Nana Akufo-Addo vise une réélection le 7 décembre, ont même dénoncé un « complot » des multinationales du chocolat pour « appauvrir trois millions de paysans ouest-africains ».