Au moment où ces lignes sont écrites, 29 morts sont comptés après l’attentat terroriste contre l’Hôtel Splendid à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Le pays des hommes intègres plonge brutalement dans le cercle de feu des Etats ciblés par les terroristes islamistes qui sévissent en Afrique et dans le monde entier.
La France visée par les terroristes
Après le Mali avec l’hotel Radisson de Bamako, c’est donc un autre hôtel qui est visé pour secouer cette fois le Burkina et lancer un message sanglant aux occidentaux. La France est visée en particulier, elle qui a mis en place l’opération Barkane après celle dénommée Serval qui avait permis de stopper et de vaincre les terroristes qui avaient envahi le Mali. C’est aussi la France qui est clairement engagée contre Daech en Syrie.
La volonté des terroristes est claire : faire un carnage pour semer la terreur dans le pays et dans les esprits. Ainsi les Etats touchés entrent dans un cercle de feu d’insécurité et de menace permanente. C’est le cas notamment au Mali mais aussi au Tchad, au Niger, au Cameroun et au Nigeria où Boko Haram mène des attaques surprises de plus en plus nombreuses et sanglantes.
Jeune exécutif vs attaques de plus en plus sanglantes
Au Burkina c’est Al Mourabitoune, groupe affilié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) qui a frappé avec un modus operandi qui fait froid dans le dos : on fonce avec des véhicules et on tire sur tout le monde. La comparaison avec les derniers attentats de Paris – le 13 novembre 2015 – est horrifiante.
Les assaillants en mission suicide comptent ainsi des femmes parmi eux, ce qui va augmenter l’ampleur de la suspiscion dans le pays ciblé.
On ne peut plus faire confiance à personne. Et il faudra vivre dans un climat de peur de manière perpétuelle dans un Burkina où le nouveau président et son gouvernement viennent juste de prendre fonctions après une tentative de coup d’Etat sanglant, heureusement suivie d’élections transparentes et démocratiques.
Le défi de la consolidation
Consolider la démocratie dans ce contexte est le défi que Roch Kaboré devra relever dans une situation de crise économique où il faudra malgré tout trouver des moyens additionnels aux forces de sécurité qui ont bien géré l’assaut terroriste.
Le président Kaboré qui s’est octroyé le portefeuille de la Défense a toutes les cartes en main. Mais cela ne suffit pas car le Burkina est très pauvre et sa situation politique actuelle est très fragile.
Les partisans de l’ex-président Compaoré chassé du pouvoir sont encore actifs. Certains d’entre eux avaient des relais avec les terroristes islamistes d’AQMI.
L’ex-bras droit de Compaoré, le général Gilbert Diendéré avait conduit beaucoup de missions pour faire libérer des otages détenus par les islamistes. Il est aujourd’hui en prison pour tentative de coup d’Etat.
Le président Compaoré lui-même est sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé contre lui par la justice burkinabée alors qu’il est réfugié en Côte d’Ivoire.
Autre fait compliquant la situation : le mandat d’arrêt lancé contre le président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, un jour avant l’attaque terroriste.
Rassurer la population malgré la situtation
Le réalisme politique va très rapidement dicter à Ouaga des choix difficiles. La président Kaboré n’a pas les moyens d’un bras de fer avec la Côte d’Ivoire, encore moins dans un contexte où il doit faire face aux terroristes islamistes dans un pays où 60 % de la population est musulmane.
Lui est chrétien même si cela n’avait jamais encore posé probleme au Burkina. Le nouveau régime doit d’abord jouer sa survie. Il est quoi qu’il en soit populaire parce qu’issu des urnes. C’est son atout majeur.
Pourtant s’il ne rassure pas rapidement les citoyens, Christian Roch Kaboré va commencer à decevoir. Le temps lui est compté pour faire ses preuves. La sagesse eut voulu qu’il restât lucide pour chercher des amis et des alliés et non susciter des antagonismes inutiles avec un voisin plus puissant.
L’erreur Soro
Demander l’extradition de Guillaume Soro est un acte peu réfléchi car cela ne se fera pas. A quoi bon donc se faire un ennemi de plus ? A moins de vouloir peser dans le jeu politique interne ivoirien ?
Kaboré a–t-il intérêt à s’engager sur ce chemin ? Rien n’est moins sûr. Guillaume Soro, s’il avait des relations fortes avec l’ancien régime Compaoré, sait que les choses ont définitivement changé au Burkina. En homme d’Etat qu’il est, il est obligé d’en tirer toutes les conséquences.
A Kaboré d’en faire de même et de faire un pari sur l’avenir dans une coopération économique et politique redynamisée avec la Côte d’Ivoire et avec tous les pays de la région pour combattre reéolument les islamistes terroristes.