La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a suspendu, hier lundi 27 mars 2023, la diffusion de France 24 sur son territoire. Une décision prise à la suite d’une interview du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et que la chaîne française « déplore vivement ».
Le signal de la chaîne française a été coupé vers 09h00 (GMT), lundi matin, à Ouagadougou. Le 6 mars dernier, France 24 avait diffusé, à l’occasion d’une chronique en plateau, des réponses écrites d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef d’AQMI, à dix-sept questions posées par le journaliste de la chaîne française et spécialiste des questions djihadistes, Wassim Nasr.
« En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso », indique le communiqué publié hier lundi, et signé du porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo.
« Le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national », ajoute le document.
Réagissant dans un autre communiqué, France 24 «déplore cette décision et conteste les accusations sans fondement qui mettent en cause le professionnalisme de la chaîne ».
« France 24 s’indigne des propos outranciers et diffamatoires du gouvernement burkinabè, associant la chaîne à ‘’ une agence de communication pour ces terroristes ’’, qui tentent de décrédibiliser la chaîne, dont l’indépendance et la déontologie ne sont plus à démontrer. France 24 rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes », ajoute le document.
La chaîne française rappelle qu’ « en décembre dernier, le gouvernement burkinabè avait déjà suspendu la radio RFI dans les mêmes conditions exorbitantes du droit commun, s’exonérant de tout respect des procédures ».
Auteur d’un coup d’Etat le 30 septembre dernier contre son camarade, le colonel Paul Henri Damiba, lui-même arrivé au pouvoir après un coup d’Etat, neuf mois auparavant, le jeune capitaine Ibrahima Traoré (34 ans), s’est progressivement détourné de la France.
L’actuel chef de la junte militaire au Burkina a dernièrement demandé et obtenu le départ des forces françaises Sabre du pays. Tout comme son ami, le colonel Assimi Goïta, un autre putschiste au Mali, il semble se rapprocher désormais de la Russie, alors que le Burkina Faso fait face à des attaques djihadistes récurrentes depuis 2015, qui ont fait près de 1 900 000 déplacés et plus de 12 000 morts dans le pays.