Les arrestations se poursuivent au Burkina Faso, dans les rangs des leaders de la société civile. Au moins quatre personnes ont été arrêtées en 5 jours cette semaine. Une situation qui inquiète le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion, qui, en plus, sont victimes de multiples menaces.

Depuis le 5 mai dernier, pas moins de quatre personnalités de la société ont été arrêtées au Burkina Faso. Il s’agit notamment de Marcel Tankoano, président du M21, Abdul Karim Baguian et Désiré Guinko, membres du Front uni pour le Faso ou encore Karim Thimbiano, représentant de la société civile à Fada N’Gourma. 

Une situation inquiétante qui a fait réagir le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion qui a publié un communiqué, lundi, pour dénoncer ces arrestations qu’il qualifie d’arbitraires.

« Certains de ces leaders ont été arrêtés par des agents de police en tenue civile, alors qu’ils faisaient leurs courses », indique, en effet, le communiqué, pointant du doigt « des méthodes regrettables».

Me Paul Kere, l’avocat d’Abdul Karim Baguian a confirmé, sur RFI, sa détention. Il a déclaré que son client a été interrogé par les services de police qui lui reprochent d’avoir incité à « vandaliser la maison du Mogho Naaba », le roi des Mossis à Ouagadougou. « Des faits que rejette intégralement Abdul Karim Baguian », précise l’avocat. 

Selon un proche de Désiré Guinko, les autres ont été arrêtés pour « incitation à des attroupements, actes de corruption, association de malfaiteurs et actes de vandalisme ». 

Le Collectif dénonce «une chasse aux sorcières », qui intervient au lendemain de l’interview du chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, à la télévision nationale. 

Les journalistes, activistes et leaders d’opinion soulignent que « la machine répressive est déclenchée contre toutes les voix discordantes ». 

En fin mars, la société civile burkinabè alertait déjà sur de possibles cas d’enrôlements forcés de volontaires de défense pour la patrie (VDP). Des craintes nées avec la disparition, le 22 mars dernier, de Boukari Ouédraogo, président du mouvement l’appel de Kaya, et l’arrestation de deux autres membres de la société civile le week-end du 25-26 mars. 

Boukari Ouédraogo avait été arrêté à Kaya en sortant d’un entretien avec le président de la transition le capitaine Ibrahima Traoré, en visite dans la ville. Selon des témoins, l’ordre a été donné de l’enrôler au sein des VDP.