Isabel dos Santos

La « princesse angolaise », « femme la plus riche d’Afrique », fille de son ex-président de père Edouardo Dos Santos (près de 40 ans de règne), Isabel Dos Santos est dans la tourmente. En effet, après les « Luanda Leaks » qui ont mis à nu l’escroquerie monumentale réalisée contre l’Angola par elle-même et son mari le congolais Dinkolllo, elle vient d’être accusée, publiquement, par le parquet angolais, de « fraude et de blanchiment ».

Auparavant le gouvernement de Luanda avait déclaré qu’il ferait tout pour la faire arrêter. On devrait se féliciter de tout ceci, une action certes tardive, mais qui devrait permettre de confisquer (ses comptes en Angola sont bloqués) et/ou de récupérer une partie des énormes sommes d’argent volées.

Isabel a abusé de sa position de « fille favorite » pour mettre en place un gigantesque système pour siphonner l’économie angolaise. Ce n’est pas une première : les Ben Ali en Tunisie, les Mobutu dans l’ex-Zaire, Yaya Jammeh en Gambie, pour ne parler que des disparus et déchus. Mais, justement, c’est là où le bât blesse !

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Quid des régimes, en place, dans le monde entier et qui font exactement la même chose ? Ou sont les courageux journalistes qui font des « leaks » et qui ne s’acharnent que sur ceux qui ont perdu le pouvoir et oublient ceux qui le détiennent encore ?

 L’offensive déclenchée contre Isabel Dos Santos est salutaire, mais elle est aussi l’ombre portée d’une chasse aux sorcières et d’un règlement de compte politique, au sein du parti au pouvoir, le MPLA. Ce parti communiste dévoyé a tout fait sauf défendre les intérêts du peuple. Comme ailleurs il a secrété une NOMENKLOTURA avide et kleptocrate et ceux qui font le procès d’Isabel Dos Santos, se gardent bien, jusqu’ici, d’incriminer son père, sans l’aval de qui, rien ne serait possible.

Il est vrai que Dos Santos père est malade et semble intouchable. Mais si les « Luanda Leaks » ont bien établi une chose, c’est qu’il y a eu complicité au plus haut niveau de l’Etat, bassesse, petitesse et lâcheté. Dire non à ceux qui ont le pouvoir est très risqué et rares sont ceux qui l’osent. Pourtant si ce qui se passe en Angola rebat les cartes politiques dans le pays-si Isabel Dos Santos n’est pas ciblée que pour devenir l’agneau du sacrifice-car, il devrait pousser les citoyens à remettre en cause le régime, lui-même.

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La démocratie angolaise est cependant à prendre avec des pincettes. Le régime est-il prêt à nettoyer ses écuries d’Augias et à aller jusqu’au bout de l’opération ? Rien n’est moins sûr ! Il faut aussi craindre que ce qui se passe en Angola ne donne des idées aux autres dictateurs qui savent que quitter le pouvoir est dangereux.

Kabila l’a bien compris en RD Congo et c’est ainsi qu’il a cédé son fauteuil, tout en gardant un immense filet de sécurité : il a la majorité à l’Assemblée et au niveau des postes de gouverneur. Il a toujours à sa disposition un empire économique qui n’a rien à envier à celui d’Isabel Dos Santos.

S’effacer pour mieux.. Rester est sa formule. Qui marche…jusqu’ici.