L’adoption par le Parlement de la nouvelle constitution algérienne n’a pas rapproché les dirigeants de l’opposition et les tenants du pouvoir. Pour le régime du président Bouteflika, de réelles avancées démocratiques sont notées dans le nouveau texte constitutionnel. Effectivement la limitation du mandat présidentiel à un nombre de deux, la suppression du délit de presse, la reconnaissance officielle de la langue bérbère constituent assurément des sauts qualitatifs à saluer.

Un bon texte, des bémols

Le problème est que la majorité des formations politiques de l’opposition a boycotté les consultations organisées par le pouvoir pour atteindre le plus grand consensus possible. Le pouvoir n’a donc pas réussi son pari. Un autre bémol est la réception assez fraîche de l’opinion publique qui considére cet acte politique comme peu important, ou en tous les cas non prioritaire par rapport aux urgences sociales et économiques du pays.

La Constitution actuelle de l’Algérie a d’ores et déjà connu trois modifications. Cette nouvelle révision apparaît comme une manœuvre politicienne qui n’intéresse pas les citoyens. Ces derniers votent du reste de moins en moins comme le démontre le taux très haut d’abstention (65 %) qu’on connu les élections législatives de 2012.

Polémique autour de la binationalité

Par ailleurs la révision constitutionnelle qui vient d’être adoptée a suscité une polémique concernant les binationaux. Une nouvelle disposition barre à ces derniers l’accès aux hauts postes de la fonction publique.
Des millions d’Algériens vivant en France seraient concernés. Le débat a été d’autant plus virulent qu’il a fait écho à celui en cours en France qui envisage la déchéance de nationalité à ses binationaux dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme. Pour le cas de l’Algérie comme celui de la France, le vote ne suffira pas pour calmer les esprits.

Les questions de fond absentes

Cet épisode aussi mobilisateur soit-il ne touche pas aux questions de fond, à commencer par celle de l’alternance à la fois démocratique et générationnelle. Le président Bouteflika est très diminué et comme pour le président BOURGUIBA naguère la question de son maintien au pouvoir dans l’état actuel de sa santé se pose.

Le pouvoir est en tout cas vérouillé. C’est un bloc monolithique réfractaire à tout changement. Un tel blocage, sérieux, hypothèque les chances d’un meilleur développement économique de l’Algérie. Les potentialités de ce pays sont exceptionnelles et ne sont pas exploitées de manière suffisamment efficiente pour l’émanciper économiquement et socialement, et de là le faire décoller.

Un héritage politique à défendre

On a l’impression d’un vrai gâchis pour un pays qui représente beaucoup pour l’ensemble des Etats du Sud. L’Algérie a un héritage politique à défendre et elle devrait pour ce faire se donner les moyens de conquérir l’avenir sur les plans de la démocratie et de l’emergence économique, sociale et culturelle en mettant les énormes moyens dont elle dispose au service de cet objectif.

Il est temps de faire confiance aux jeunes et de leur laisser les manettes. Ils ont les compétences et le patriotisme indispensable, bien que nés après la guerre de Libération.
Bien formés et déterminés à faire rayonner leur pays, ces jeunes Algérien sont prêts à relever le défi. Il suffit de leur ouvrir la porte.

 

 

Crédit image : par Poudou99 – Eget verk, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons