Les Algériens ont manifesté, sans incident, pour un 12ème vendredi consécutif, le premier depuis le début du ramadan. Le jeûne et la fatigue accumulée n’ont pas entamé la mobilisation contre le régime et contre l’élection présidentielle prévue début juillet.
À Alger, la foule était dense. Le cortège s’est ébranlé peu après la fin de la grande prière de vendredi. Les rues autour de la Grande Poste, bâtiment emblématique du centre d’Alger devenu le point de ralliement des manifestations, étaient noires de monde avant que les marcheurs se dispersent dans le calme en fin d’après-midi.
La mobilisation a été forte et stable à Oran, Constantine et Annaba, 2ème, 3ème et 4ème villes du pays, ainsi qu’à Tizi Ouzou dans la région de Kabylie (nord), selon l’AFP.
L’agence de presse officielle APS a recensé des manifestations dans au moins 31 des 48 régions du pays. Selon le site d’information TSA et les réseaux sociaux, des marches importantes ont notamment été recensées à Béjaia et Bouira, en Kabylie, à Borj Bou Arreridj, Sétif, M’sila, Batna, Saida, Oum El Bouaghi et Sidi Bel Abbes (entre 150 et 400 km au sud-est d’Alger), Tiaret, Relizane, Mostaganem et Tlemcen (entre 200 et 450 km au sud-ouest) ou Médéa (60 km au sud).
Le général Gaïd Salah a été, comme la semaine précédente, particulièrement visé par les manifestants. L’Algérie « est une République, pas une caserne », « l’armée est notre armée et Gaïd nous a trahis », ont martelé les manifestants, reprochant au patron de l’armée de leur imposer le processus de transition actuel, mené par d’ex-proches de l’ex-président Bouteflika, et notamment une élection présidentielle le 4 juillet pour lui élire un successeur.
Le mouvement de contestation refuse que ce scrutin soit organisé par les structures et personnalités de l’appareil laissé derrière lui par Bouteflika, incarné notamment par Bensalah, Bedoui mais aussi par le général Gaïd Salah, durant des années fidèles du chef de l’État jusqu’à sa démission.
Rappelons que la semaine écoulée a été marquée par de nouvelles arrestations. Après celle de plusieurs riches hommes d’affaires accusés de malversations, l’incarcération dans la semaine de Saïd Bouteflika, longtemps considéré comme un tout-puissant « président bis » jusqu’à la démission de son frère Abdelaziz Bouteflika, a été bien accueillie par les manifestants.