Le nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune, prêtant serment.

L’effondrement des cours du pétrole rend la situation « critique » pour l’Algérie en raison de sa dépendance à la rente pétrolière, avertit le professeur Mourad Preure, un spécialiste algérien des hydrocarbures et ancien dirigeant du groupe public pétrolier Sonatrach.

Pour ce géopoliticien de l’énergie, la chute des prix de l’or noir rend « envisageables » les scénarios « les plus pessimistes » pour l’économie mondiale.

« L’Algérie est excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier du fait de la faible diversification de son économie. L’impact sera très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins », estime Mourad Preure, dans une interview accordée à l’AFP.

Pour l’expert algérien, l’Algérie fait face aujourd’hui à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014. Ce choc survient dans un contexte exceptionnel. L’économie chinoise subit un sévère ralentissement qui a un effet déflagrant sur l’industrie pétrolière mondiale. Dans ce contexte, où il y a une surabondance de l’offre (de pétrole) et où la demande ralentit, les scénarios les plus pessimistes sont envisageables.

Les recettes de pétrole en 2020 vont se situer dans un créneau entre 34 milliards de dollars, soit leur niveau actuel, et plus ou moins 20 milliards de dollars, selon les évolutions possibles de la crise, souligne l’expert. « Dans tous les cas, la situation est critique. Elle impose, d’abord, un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités, car toute crise recèle des opportunités », selon l’analyste. 

Pour Mourad Preure, l’Algérie, toutes proportions gardées, a les moyens, notamment financiers, et des avantages comparatifs naturels, pour surmonter cette crise. « Mais il lui faut une stratégie novatrice: diversifier l’économie et aller vers la transition énergétique », estime-t-il.