Le nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune, prêtant serment.

L’année 2022 aura été une année sombre pour la presse en Algérie. Le dernier épisode en date de ce muselage systémique est la mise sous scellés par la police algérienne des locaux de Radio M, média algérien connu pour être le dernier espace médiatique libre du pays. 

« Cela fait plus de 20 ans que je fais ce métier, jamais nous n’avons reçu autant de coups de massue que cette année », a souligné Ali Boukhlef, ancien journaliste à El Watan et Liberté, cité par l’AFP. 

Menacé de fermeture après 31 ans d’existence, le quotidien francophone algérien El Watan est traversé par un mouvement de grève inédit avec des salariés qui n’ont pas été payés depuis près d’un an. Tous les comptes bancaires du quotidien sont bloqués à cause d’un litige avec l’administration fiscale et la banque, avancent les actionnaires du journal. 

En avril dernier, le quotidien Liberté a lui cessé de paraître après que son principal actionnaire, Issad Rebrab, homme le plus riche du pays, a décidé de liquider le média. L’annonce avait été reçue avec beaucoup d’émotions dans le pays. 

Il y a quelques jours, c’est Radio M et Maghreb Emergent (site d’information économique en ligne) qui ont été visés par les autorités algériennes. Dans la nuit de vendredi à samedi 24 décembre, le directeur des deux médias, Ihsane El-Kadi, a été interpellé chez lui, à Zemmouri (à 60 km d’Alger) vers minuit et demi. Sa fille, Tin Hinane, a relayé l’information sur les réseaux sociaux. « Six hommes dans deux véhicules sont venus à 00.30 lui demander de les suivre immédiatement à la caserne de Antar. » a-t-elle tweeté. 

Le lendemain, des agents de la direction générale algérienne de la Sécurité intérieure (DGSI) se sont rendus dans les locaux des deux médias, accompagné d’Ihsane El-Kadi menotté. 

« Ces agents ont invité les journalistes et les employés présents à vider les lieux avant de procéder à la perquisition des locaux. Outre le matériel informatique, ces agents ont saisi des ordinateurs, des cachets et des documents avant de quitter les lieux en emmenant avec eux le directeur Ihsane El Kadi. On ignore pour l’heure les raisons de cette interpellation et de la perquisition opérée par les services de sécurité » fait état la rédaction de Radio M dans un communiqué publié sur leur site internet.