Après un an d’arrêt, des milliers d’Algériens sont descendus dans la rue vendredi, marquant un retour spectaculaire des marches hebdomadaires du mouvement de protestation populaire Hirak face à un pouvoir sur ses gardes.
Malgré l’interdiction des rassemblements pour raisons sanitaires, plusieurs imposants cortèges se sont formés sitôt après la prière dans des quartiers d’Alger, notamment à Bab El Oued, pour rejoindre le centre-ville.
A Alger, les manifestants ont été aussi nombreux que lundi quand des milliers de personnes ont défilé à l’occasion du 2e anniversaire du Hirak, déclenché le 22 février 2019 et qui avait forcé l’ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à quitter le pouvoir, selon des témoins.
Les forces de l’ordre ont utilisé matraques et gaz lacrymogène quand des manifestants ont forcé un barrage pour rejoindre la Grande Poste, lieu emblématique des rassemblements antirégime, selon une vidéo diffusée par le site internet d’information Interlignes.
Les slogans phares du Hirak ont été également repris : « Le peuple veut la chute du régime ! », « Algérie libre et démocratique ! » ou encore « Silmiya, silmiya (pacifique) ! », une allusion à la nature non violente du mouvement, rapporte l’AFP.
500 personnes interpellées
Le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), Saïd Salhi, a fait état, sur sa page Facebook, de près de 500 personnes interpellées dans une vingtaine de wilayas (préfectures), dont la plupart ont été relâchées en fin de journée.
Des rassemblements ont également eu lieu en province, notamment à Bejaïa et Tizi Ouzou, en Kabylie (nord-est), à Bordj Bou Arreridj (est) et à Oran et Tlemcen (nord-ouest). Jeudi, des militants du Hirak avaient appelé sur les réseaux sociaux à respecter le port du masque au cours des manifestations, après le relâchement observé en début de semaine.
Cette mobilisation massive « confirme bien le retour irréversible et la volonté de poursuite du Hirak avec la même détermination et le même attachement au revendications, notamment de libération du champ démocratique et de changement effectif du système », a déclaré Salhi, cité par l’AFP.
Amnesty International a dénoncé cette semaine « une stratégie délibérée des autorités algériennes visant à écraser la dissidence ». « Une stratégie qui vient contredire leurs promesses en matière de respect des droits humains ».