La propagande anti-ANC (congrès national africain) cherche à accréditer l’idée d’une déroute électorale du parti de Nelson Mandela qui a été le fer de lance la lutte anti-Apartheid lors des municipales qui viennent de se tenir en Afrique du Sud.

En pure perte ! Certes l’ANC enregistre des défaites historiques à Pretoria,la capitale politique du pays et Nelson Mandela Bay, la sixième métropole nationale qui englobe Port Elizabeth; mais sa majorité dans l’ensemble du pays reste intacte avec près de 54% des voix.

La plus grande ville, Johannesbourg, capitale économique et industrielle est toujours sous le contrôle de l’ANC qui s’impose avec 44,5% des suffrages. Les propagandistes prédisaient une victoire de l’alliance démocratique(A.D) qui n’obtient finalement que 38,3%.

Par ailleurs les victoires de l’AD sont un motif de satisfaction pour son leader Mumsi Maimane mais, à l’exception de la ville du CAP conquise depuis 2006, l’AD n’a pas de majorité absolue dans aucune autre. Elle devra nouer des alliances notamment à Pretoria où elle ne devance l’ANC que deux points :43,1% pour l’AD et 41,2% pour l’ANC. On voit mal l’AD sceller un accord avec le parti EEF, parti de gauche radicale du transfuge de l’ANC Juluis Malema.

Même cas de figure à Nelson Mandela Bay où l’AD qui se détache plus nettement avec 46,7% contre 40% pour l’ANC aura aussi besoin de conclure des partenariats pour avoir une majorité. Il est vrai que l’ANC va aussi devoir faire la même chose à Johannesbourg.

Ainsi une appréciation objective des résultats écarte toute idée de déroute électorale. Un coup de semonce traduirait plus fidèlement la réalité qui évolue logiquement après plus de 22 ans d’exercice démocratique post-Apartheid. Une nouvelle génération est née et a grandi dans un pays libéré des chaines du racisme et de la domination économique doublée d’une aliénation culturelle sans équivalent dans le monde moderne dans la mesure où seule l’Afrique du Sud a publiquement institué la politique de discrimination raciale officiellement depuis 1948 et dans les faits pendant plusieurs siècles. Les populations noires, l’écrasante majorité du pays continue de souffrir de l’héritage funeste de ce régime scandaleux qu’il faudra plusieurs générations pour résorber.

Depuis 1994, l’ANC a fait un travail remarquable pour développer l’éducation des plus démunis, renforcer l’accès à la santé publique et combattre le cancer social de la pauvreté endémique. Mais le choix de la raison et donc de la réconciliation nationale ne pouvait permettre d’aller plus vite. Il fallait sauvegarder l’infrastructure industrielle et donner des gages au capital pour ne pas le faire fuir et/ou déclencher une guerre civile.

La paix sociale a été maintenue mais les frustrations de la majorité noire demeurent et sont compréhensibles. Des ultras comme Juluis Malema soufflent sur les braises et gagnent des voix.

A l’opposé des partisans du retour au « pouvoir blanc » sous une autre forme comme ceux de l’AD essaient de tromper les populations. Tous ces marchands d’illusions surfent sur les difficultés nées de la crise économique, des multiples erreurs des dirigeants de l’ANC et de la corruption qui fait des ravages dans leurs rangs.

L’ANC doit retrouver l’élan populaire qui a toujours fait sa force, en se mettant au service exclusif des intérêts de la majorité noire, celle qui souffre et qui aspire à sortir des griffes de l’analphabétisme et de la misère. En Afrique du Sud la lutte pour la vraie indépendance nationale, celle économique est plus actuelle que jamais. Et l’ANC continue d’incarner ce combat. Sa majorité nationale démontre que les populations adhérent encore et toujours à son leadership.