Le journal américain : « New-York Times » a révélé que des millions de doses (au moins 32 millions), du vaccin Johnson&Johnson étaient mises en bouteille et en « packaging » en Afrique du Sud, à l’usine d’Aspen, avant d’être exportées en Europe pour la vente.
Pendant ce temps, la pandémie de la Covid faisait des ravages en Afrique du Sud.
Le scandale en soi, si on peut dire, n’est pas la délocalisation de la production, c’est la clause signée par le gouvernement du président Ramaphosa, « qui ne lui permet pas de faire bénéficier à son pays, en priorité, des doses produites sur son territoire ».
La lumière crue jetée sur ce scandale, montre combien le pays de Mandela continue d’être intoxiqué par son passé colonial et la situation révoltante qu’elle vit actuellement.
Toutes les calamités semblent “envahir ” ce pays qui compte encore trois millions de personnes infectées par le VIH-SIDA et qui enregistre le plus grand nombre de contaminations à la Covid : plus de deux millions et demi ( déjà ) et 78 694 décès ( au moment où ces lignes sont écrites ).
L’Afrique du Sud se place en tête des Etats du continent africain.
C’est révoltant parce que ce pays a les moyens économiques, les ressources humaines et les infrastructures médicales pour faire face.
Mais l’héritage des inégalités dramatiques de l’Apartheid, bloque tout et empêche l’Etat de fonctionner, avec comme seule boussole, la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les populations, dans leur immense majorité.
Le scandale des vaccins Covid s’ajoute à celui de l’accaparement des terres cultivables par la minorité blanche qui continue de vivre, très majoritairement, dans de meilleures conditions, dans tous les domaines, que la majorité noire.
En vérité, il y a une décolonisation inachevée qui gangrène le pays et hypothèque son avenir.
Le problème n’est pas moral ; il est politique et le scandale est à déchiffrer en termes d’inégalités économiques criardes qui suscitent colère et révolte populaire.
L’Afrique du Sud est la deuxième économie africaine, derrière le Nigéria qui a aussi, toutes les ressources et les compétences nécessaires pour fabriquer des vaccins, construire des hôpitaux ultra-modernes et combattre toutes les épidémies, sans attendre l’aide de qui que ce soit.
Mais, comme l’Afrique du Sud, il est « infecté » par les inégalités et la corruption. Et aussi, les conflits communautaires et les attaques terroristes.
L’évident est qu’il n’y a pas de malédiction, mais un manque de volonté patriotique et un enracinement démocratique.
La pandémie de la Covid met à nu la réalité de l’exploitation féroce des capitalistes mondialisés. Et les plaies béantes qui mettent à genoux l’Afrique, qui est une grande victime comme la quasi totalité des pays du Sud.
La production des vaccins obéit à une logique de maximisation des profits, en ciblant une main d’œuvre à très bas coût, africaine et indienne, notamment, dans le cas de la Covid.
Il faut donc encourager toutes les initiatives africaines de construction d’infrastructures de santé pour produire des vaccins.
Le scandale Sud-africain est la preuve qu’il est parfaitement possible de produire des vaccins anti-Covid, sur le sol continental.
Il ne reste plus qu’à fédérer les énergies pour aboutir à l’autosuffisance vaccinale et dans d’autres domaines.
Encore que la Covid a relativement épargné l’Afrique, jusqu’ici ; mais les victimes qui ont été dénombrées, comme dans le monde entier, sont des victimes d’égale dignité humaine.