Sept pays africains se sont engagés samedi à criminaliser le trafic des faux médicaments, en introduisant « des lois et sanctions pénales » dans leurs juridictions, dans le cadre de l’Initiative de Lomé.
Les présidents Faure Gnassingbé (Togo), Macky Sall (Sénégal) et Yoweri Museveni (Ouganda), ainsi que les ministres de la santé du Niger, du Ghana, de la Gambie et du Congo-Brazzaville se sont retrouvés dans la capitale togolaise à l’invitation de la Fondation Brazzaville, pour tenter de trouver des solutions contre le trafic de faux médicaments, un fléau responsable de plus de 100.000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’objectif de cette initiative est d’inciter d’autres Etats à apporter une « réponse collective à cette crise panafricaine ». « Nous nous engageons à signer l’accord-cadre qui nous engage à introduire dans nos juridictions respectives des lois et sanctions pénales pour criminaliser le trafic des produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés », selon la déclaration publiée par ces sept pays à l’issue de la rencontre.
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D’après la déclaration jointe publiée par les dirigeants de ces pays, ce trafic « participe au financement de la criminalité transnationale organisée et est une grave menace sécuritaire ». Ils ont invité les autres pays africains à rejoindre cette initiative et appelé « à l’intensification des efforts déployés au niveau national, régional et international pour lutter contre ce fléau ».
La Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM) estime qu’un investissement dans ce secteur de 1.000 dollars peut générer 500.000 dollars de profits, ce qui rendrait les faux médicaments plus rentables que la plupart des stupéfiants.
« II y a urgence car ce trafic international (…) se développe de façon exponentielle. Qu’on en juge: de 75 milliards de dollars US en 2010, le chiffre d’affaires du trafic des produits médicaux falsifiés est évalué à 200 milliards de dollars en 2014 », a souligné le président togolais Faure Gnassingbé.
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« À cette rentabilité financière sans équivalent, s’ajoute un risque (de poursuites judiciaires) très faible et une quasi-impunité », a ajouté le chef de l’Etat. Le Togo est l’un des pays pionniers sur le sujet, il a modifié son code pénal dès 2015. La peine encourue par les trafiquants y est désormais de 20 ans de prison et de 50 millions de francs CFA d’amende (76.200 d’euros).
Mais peu de pays disposent de lois efficaces et punitives législation spécifique, le trafic de faux médicaments est souvent considéré comme un simple délit de contrefaçon et les peines atteignent quelques mois d’emprisonnement tout au plus.