Colère, mécontentement, écoeurement, indignation… aucun mot ne peut décrire les sentiments des africains, basés dans leur continent ou dans les quatre autres, face au racisme « banalisé » dont ils ont été de nouveau victime au vu et au su de tous et en direct sur une chaine de télévision française.
Les propos ont fait le tour de la toile, condamnés par la majorité et défendus par certains, ils ont, une fois de plus, révélés au grand jour un racisme à peine caché et qui trouve de plus en plus de place dans les médias français
« Si je peux être provocateur… » pour emprunter la réplique, employée par Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin, à Paris, pour demander à ce que les africains lui servent de cobaye, l’occident et la France en particulier doit comprendre une fois pour toute que le temps du colonialisme est révolu.
Considéré l’Afrique comme un grand laboratoire d’expérience à ciel ouvert n’est pas une révélation en soi. On le sait, depuis toujours, que plusieurs puissances occidentales ont pris et continuent de prendre notre continent et nous avec pour un champ pour leurs essais. La France l’a d’ailleurs fait en Algérie avec ses bombes nucléaires et refusent toujours de s’en excuser.
La vraie révélation dans cette histoire est la banalité qui marque ce racisme qui était à peine voilée. L’indécence de regarder les africains en face et leur dire tout simplement que le gouvernement doit tester ses médicaments sur vous avant de les donner à la « race supérieur » qui est les français, est la vraie nouveauté.
Des réactions diplomatiques, d’autres frontales
Depuis le déclanchement de cette polémique, les réactions fusent de toutes parts. Des plus modérées comme celle du ministre Sénégalais chargé du Tourisme et des transports aériens Alioun Sarr, qui a recadré le médecin parisien avec l’art et la manière :
Au plus frontales comme celle de l’ancien attaquant du FC Barcelone, le Camerounais Samuel Eto’o
En France également, le parti Socialiste s’est dit scandalisé par les propos balancés par Jean Paul Mira et son ami. Le Député du parti de la 11e circonscription de Seine-et-Marne et Premier secrétaire du Parti Olivier Faur a qualifié les propos de « racisme » :
Un sentiment de supériorité au plus haut sommet de l’Etat
Pour ne rien arranger dans la polémique, un autre malheureusement célèbre par ses propos racistes et xénophobes est venu mettre de l’huile sur le feu. Eric Zemmour, issu de l’immigration qui se considère comme « un français de souche » a affirmé sur un plateau de télévision que des pays comme le Maroc traitaient les patients atteints du Covid19 avec de la chloroquine et ce sans l’autorisation de la France.
Le médicament à base de chloroquine, produit certes par un laboratoire français, est produit en quantité au Maroc depuis des années. Le Royaume du Maroc, pays souverain et indépendant, produit d’ailleurs plus de 70% de ses besoins en médicaments sans recourir à aucune autorisation d’un pays comme la France. A se demander comment un chroniqueur sur une chaine de télévision peut penser que son pays a le contrôle sur d’autres pays ! La réponse est toute simple. Ce sentiment existe au plus haut sommet de l’Etat français. Le locataire de l’Elysée a lui même commis une grande bourde diplomatique en demandant aux autorités marocaines de faire le nécessaire pour rapatrier les citoyens français bloqués dans le Royaume à cause de la crise du Covid19. Une bourde qui n’est pas passé sans des réponses à la hauteur de « la maladresse présidentielle ».
Emmanuel Macron avait d’ailleurs commis presque la même gaffe en adressant un semblant de convocation aux président du G5 Sahel pour une réunion d’urgence en France. Le ton employé par le président français avait mis tout le monde mal à l’aise. Les africains, concernés ou pas par la démarche du Macron, avaient exigé le respect et surtout un comportement d’égal à égal, du moins entre chefs d’Etats.