L’adhésion du Maroc à la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest(CEDEAO) est à entériner et à saluer. Elle fait faire un bond de géant à la construction de l’unité africaine.
N’est-ce pas l’objectif ciblé par tous les leaders historiques du continent ? Tous ceux qui savent que les Etats africains balkanisés n’ont aucune chance de s’émanciper sur le plan économique, faute de « marché conséquent » ?
Même l’Europe qui est composée d’Etats dits développés a réalisé son unité pour constituer un marché commun gigantesque pour compétir avec la Chine, les USA, le Mexique et le Canada réunis dans l’ALENA, les pays d’Amérique latine membres du MERCOSUR, les pays d’Afrique australe regroupés au sein de la SADCC etc…
Aucun économiste sérieux (qui pense à l’avenir) ne préconise le repli sur soi et le choix de la balkanisation. À moins de jouer pour les intérêts des colonialistes qui avaient morcelé l’Afrique pour l’exploiter et la maintenir dans le sous-développement et la misère.
Et curieusement, pendant cette période, ils (les colons) ont unifié les territoires conquis pour maximiser leur exploitation économique. La création de l’AOF(Afrique occidentale française) et AEF(Afrique équatoriale française) n’avait pas d’autre but. La logique impérialiste du diviser pour régner(ici perpétuer la domination) a imposé de « donner » l’indépendance à des Etats balkanisés avec des frontières artificielles. Si l’Afrique piétine depuis et n’arrive pas à s’en sortir cet héritage colonial y est pour beaucoup. Avec les plaies encore béantes d’une période coloniale dévastatrice.
Pour émanciper l’Afrique, il faut la réunifier sous diverses formes possibles, à commencer par l’économie qui est la pierre angulaire des relations durables entre Etats. La décision du Maroc de rejoindre la CEDEAO est historique. Elle est l’ombre portée d’une vision politique que tout panafricaniste doit magnifier.
Le Roi Mohammed VI est un véritable homme d’Etat qui inscrit sa démarche dans la longue durée pour la défense des intérêts de son peuple et de son continent. Il a compris que le Maroc a les moyens de s’épanouir en Afrique et d’y jouer un rôle majeur pour susciter des synergies fécondes au profit de tous. Cette option est aussi un pari sur l’Afrique et un engagement persévérant pour le développer, en comptant d’abord sur ses propres forces, celles agrégées de ses Etats et de ses peuples.
Critiquer une telle démarche, en mettant en exergue le fait que « le PIB du Maroc équivaut à ceux du Sénégal, de la Côte d’ivoire et du Ghana réunis » est lamentable et témoigne d’une analyse à courte vue. Pourquoi ne pas comparer les PIB de la France et de l’Allemagne à ceux du Portugal, de la Grèce, de la Pologne etc…? Cibler ce point seul n’est pas pertinent.
Le Maroc apporte un savoir-faire, des produits, un marché, des banques etc. C’est tout bénéfice pour les autres pays membres de la CEDEAO. Qu’on ne nous dise pas qu’il y aura des blocages ?
Si le Maroc s’engage c’est en toute connaissance de cause. D’ailleurs le royaume chérifien est déjà très présent dans l’espace CEDEAO et dans bien d’autres pays africains. Il faut donc refuser les discours dictés par la peur et la volonté mortelle de repli sur soi. Et accueillir à bras ouverts un grand pays africain qui s’assume parfaitement.