Alors qu’il se négociait à 11.722 dollars la tonne à New York, le prix du cacao a chuté de 27 % en deux jours, pour s’établir à 8.408 dollars. Si le cours standard de l’or brun est de 2.500 dollars, celui-ci avait quadruplé au début de l’année, par crainte d’une pénurie. Pour la troisième année consécutive, le marché est déficitaire en raison de mauvaises récoltes dans les deux principaux pays exportateurs : Côte d’Ivoire et Ghana.

Cette chute brutale s’explique par divers facteurs. « Le retour de la pluie au Nigeria, après une période de sécheresse intense, et l’augmentation de la production » ont fait chuter les prix jusqu’à 9 000 dollars la tonne, explique John Plassard, spécialiste du marché. Ensuite, la baisse de la spéculation a contribué à refroidir les prix. Les craintes concernant l’offre à long terme avaient déclenché une ruée des négociants sur les marchés, désireux de sécuriser les expéditions. Cette agitation soudaine a fait grimper les prix en flèche.

Les matières premières telles que le cacao (ou le pétrole) sont négociées en bourse. Leurs prix peuvent fluctuer en fonction de l’offre et de la demande, ainsi que de divers facteurs économiques, politiques et environnementaux. Les traders tentent de prévoir ces variations afin de réaliser des bénéfices, soit en achetant à bas prix et en vendant à prix fort, soit en pariant sur une baisse et en achetant à bas prix.

Le principal marché du cacao, l’Intercontinental Exchange, a augmenté les coûts de marge sur les contrats. En d’autres termes, la prime de couverture des pertes est devenue de plus en plus élevée. Dans ce contexte, le marché devient moins liquide et il est plus difficile de trouver des acheteurs ou des vendeurs, les écarts de prix se creusent et le risque de perte augmente. Cela rend la spéculation plus coûteuse et plus risquée pour les opérateurs qui ont décidé de se détourner du cacao.

De plus, selon des acteurs interrogés, un important fonds de marché voulait faire monter les prix jusqu’à 20.000 dollars la tonne. Mais les autres poids lourds ont décidé de contrer cette volonté en arrêtant d’acheter du cacao. « Ils ont tout fait pour faire baisser le marché, car leurs clients, comme Nestlé par exemple, n’achèteraient jamais à 10.000 dollars la tonne », assure un opérateur ivoirien.