De la réélection de Faure Gnassingbé au Togo à l’abdication d’IBK au Mali, en passant par la colère africaine contre la France après la publication des caricature du prophète de l’Islam (SWS), la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara… plusieurs événements ont marqué l’année 2020 au niveau africain. « AfriqueConfidentielle » vous propose un retour sur les 10 évènements qui ont marqué l’actualité dans le continent.

Réélection contestée de Faure Gnassingbé au Togo

le président Gnassingbé Faure

L’élection présidentielle togolaise de 2020 a lieu le 22 février 2020. Candidat à sa réélection après avoir fait amender la constitution, Faure Gnassingbé a été réélu présenter pour un quatrième mandat consécutif avec 70 % des suffrages. Un résultat contesté par l’opposition qui accuse le gouvernement de fraude électorale. Le vote s’est déroulé sans violence, mais la société civile a recensé des bourrages d’urnes et des inversions de résultats.

Des délégués de l’opposition se sont également vu refuser les accès dans certains bureaux de vote, selon l’opposition, et Internet a été coupé par intermittence dans la capitale ou totalement dans certaines régions sensibles. Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassigbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a toujours été réélu lors de scrutins très contestés par l’opposition.

Arrestation de Félicien Kabuga, financier présumé du génocide au Rwanda

Felicien Kabuga

L’information a fait le tour du monde. L’arrestation de Félicien Kabuga, accusé de participation au génocide des Tutsi au Rwanda et surnommé « le financier du génocide », du fait de son rôle auprès de l’Akazu, et des financements qu’il aurait fourni à la Radio-télévision libre des Mille Collines (une radio extrémiste anti-Tutsi qu’il préside à cette époque), au magazine extrémiste Kangura, et à l’armement des milices génocidaires Interahamwe, l’homme était activement recherché.

L’arrestation est survenue 16 mai 2020 en France par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre : il vivait à Asnières-sur-Seine sous une fausse identité. Il est inculpé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour sept chefs d’accusation en lien direct avec les crimes commis pendant le génocide des Tutsi au Rwanda.

Mort d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique

abdelmalek Droudkal

Il semait la terreur dans tout le Sahel. L’homme fort d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, a été tué par l’armée française lors d’une opération, le 3 juin, dans le nord du Mali. Il était l’un des principaux chefs de la nébuleuse islamiste sahélo-saharienne depuis une vingtaine d’années, Il avait pris en 2004 la tête du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rebaptisé Aqmi trois ans plus tard. Il a participé à l’offensive jihadiste de 2012 lancée du nord du Mali vers la capitale Bamako, offensive à laquelle l’armée française a mis fin avec l’opération Serval début 2013.

Abdelmalek Droukdel a été remplacé par l’Algérien Abou Oubaïda Youssef al-Annabi à la tête de l’organisation. Quelques mois plus tard, toujours dans le cadre de l’opération Barkhane, la France a annoncé, le 13 octobre, avoir tué le chef militaire de la branche sahélienne d’Al-Qaïda, le Malien Bah ag Moussa, dans le nord-est du Mali. L’ancien officier de l’armée malienne, également connu sous le nom de Bamoussa Diarra, était un lieutenant d’Iyad Ag Ghali, le chef touareg du Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans (RVIM), lié à Al-Qaïda.

Décès d’Amadou Gon Coulibaly, premier ministre ivoirien

le premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly

À moins de quatre mois de la présidentielle, la Côte d’Ivoire a vécu un coup de tonnerre. Le pays a perdu, le 8 juillet, son Premier ministre et candidat désigné du parti au pouvoir, Amadou Gon Coulibaly, décédé d’une crise cardiaque. Il se préparait pour prendre la place d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire. Un évènement qui a poussé le président Ouattara à se représenter pour un nouveau mandat.

Malgré de vives contestations, Alassane Ouattara a obtenu le 31 octobre un troisième mandat présidentiel dès le premier tour avec 94,27 % des voix, au terme d’un scrutin boycotté par l’opposition et marqué par des violences qui ont fait 85 morts entre les mois d’août et novembre. L’opposition ivoirienne a annoncé dans la foulée la création d’un “Conseil national de transition”. Une fois investi, Ouattara a tendu la main à l’opposition pour ouvrir un dialogue national.

Caricatures du prophète Mohammed (SWS), la France provoque la colère de l’Afrique

Dans un discours des plus irresponsables, le président français Emmanuel Macron a affirmé que la France adopte les caricatures republié par le journal satirique Charlie Hebdo. Projetés sur de nombreuses façades d’établissements touristiques et d’institutions publiques françaises, les abominables caricatures du prophète de l’Islam a provoqué la colère des musulmans à travers le monde. L’Afrique a été en première ligne pour défendre le prophète Mohammed (SWS).

En effet, s’inscrivant dans une vague internationale de boycott des produits français, les africains notamment dans les pays du Maghreb de l’Afrique de l’Ouest ont mené plusieurs marches pour dénoncer aussi bien les caricatures que les propos du président français. Sur le plan officiel, plusieurs pays ont rappelé la France à l’ordre.

Le Haut conseil Islamique malien, la Fédération des associations islamiques du Burkina, le haut conseil des Oulamas et le ministère des affaires étrangères du Maroc ou les organisations islamiques du Sénégal…, pour ne citer que ceux-là, ont publié des communiqué condamnant la position française et rappelant la place unique qu’occupe le prophète Mohammed (Sws) dans le cœur de 2 milliards de musulmans dans le monde.

La chute d’IBK au Mali et la libération d’otages

IBK signant sa démission

Contesté dans la rue pendant plusieurs mois, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a été renversé par les militaires de son pays avec le soutien de la rue. Dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 août, IBK a annoncé sa démission et la dissolution du gouvernement et du Parlement. Sous la menace de sanctions internationales, les officiers ont finalement remis le pouvoir entre septembre et octobre à un gouvernement intérimaire, censé diriger le pays pendant 18 mois avant la tenue d’élections. Un mois après le coup d’État, l’ancien ministre de la Défense Bah Ndaw a été nommé président du Mali par intérim.

L’année 2020 au Mali a aussi été marquée par la libération d’otages. L’humanitaire française Sophie Pétronin, enlevée dans le pays en décembre 2016, a été libérée, le 8 octobre, après plus de 1 380 jours de détention, aux côtés du chef de l’opposition au Mali, Soumaïla Cissé. Il avait été kidnappé le 25 mars, alors qu’il était en campagne pour les législatives dans son fief électoral de Niafounké. Soumaïla Cissé est mort du coronavirus le 25 décembre en France, où il avait été transféré pour être soigné.

Les USA reconnaissent la Souveraineté du Maroc sur le Sahara

Avant de quitter la maison blanche, le président américain sortant, Donald Trump, a tenu à jeter un pavé dans la mare du conflit du Sahara opposant le Royaume du Maroc au groupe séparatiste du polisario abrité et financer par l’Algérie. Reconnaissant la Marocanité de ce vaste territoire géré administrativement par le Royaume, le président américain a annoncé également l’ouverture d’un consulat de son pays dans ces provinces du sud du Maroc ainsi que des investissement allant jusqu’à 5 milliards de dollars américains, dont une partie importante ira à des investissements pour toutes la région.

Actif diplomatiquement, notamment sur le plan africain, le Maroc a pu convaincre 19 pays, majoritairement africains, à ouvrir leurs représentations diplomatiques dans les grandes villes du sahara marocain. Selon plusieurs observateurs, l’arrivée du consulat américain dans la ville de Dakhla sera un élément encouragent pour d’autres pays qui vont bientôt emboiter le pas aux américains.

Le président Tebboun rentre en Algérie après deux mois de suspense

Abdelmadjid Tebboune.

Le 24 octobre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est mis volontairement à l’isolement après avoir été en contact avec des responsables contaminés par le coronavirus. Il a ensuite été admis le 28 octobre dans « l’un des plus grands établissements spécialisés » d’Allemagne après avoir contracté le virus. Pendant plusieurs semaines, les algériens n’ont eu aucune information sur l’état de santé de leur président. Son absence a replongé l’Algérie dans les affres humiliantes de la fin du règne de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika. Frappé par un AVC en 2013, ce dernier avait continué, impotent et aphasique, à assumer la charge présidentielle, avant d’être chassé du pouvoir en avril 2019 par le mouvement de contestation antirégime Hirak.

Abdelmadjid Tebboune est finalement apparu, le 13 décembre, à la télévision publique pour la première fois depuis près de deux mois, et six semaines après son hospitalisation en Allemagne. « Je suis en convalescence. Cela va prendre encore deux ou trois semaines pour que je reprenne mes forces physiques », a déclaré le président âgé de 75 ans, visiblement amaigri, dans un « discours au peuple » prononcé au lendemain du premier anniversaire de sa victoire électorale. Officiellement, il tient toujours les rênes de l’État, mais il n’a pu exercer aucune de ses prérogatives depuis près de deux mois : il n’a pas promulgué la nouvelle Constitution – projet phare de son programme électoral –, ni signé la loi de finances 2021.

Le président de le CAF, Ahmad Ahmad, suspendu 5 ans pour détournements de fonds

Le président de la CAF Ahmad Ahmad

Le président de la confédération Africaine de Football (CAF) et vice-président de la FIFA, Ahmad Ahmad a été suspendu ce lundi de ses fonctions pour 5 ans par la FIFA. Le Malgache de 60 ans est notamment accusé de détournements de fonds.

Le 23 Novembre 2020, la chambre de jugement de la Commission d’Éthique indépendante a jugé Ahmad Ahmad, président de la Confédération Africaine de Football (CAF) et vice-président de la FIFA, coupable d’avoir enfreint les plusieurs articles du code d’éthique, pour  avoir manqué à son devoir de loyauté, accepté et distribué de cadeaux ou autres avantages, pour abus de pouvoir et détournement de fonds, a indiqué la FIFA dans un communiqué. Une décision prise à la suite d’une enquête réalisée sur des faits remontants de 2017 à 2019 et portant sur “diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque (Oumra), ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités”.

Pape Diouf, Premier président noir d’un club européen emporté par le Coronavirus

Ancien journaliste sportif, agent mythique du gratin du football, ex-président de l’Olympique de Marseille… À 68 ans, Pape Diouf est la première victime du Covid-19 au Sénégal. Le mardi 31 mars en fin d’après-midi, la nouvelle de la contamination de Pape Diouf par le coronavirus, annoncée par nos confrères de La Provence, avait rapidement fait le tour des rédactions et suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Quelques heures plus tard, une information de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS), venait balayer l’optimisme qui continuait, malgré tout, de prévaloir. Pape Diouf est décédé dans la soirée, à l’hôpital Fann de Dakar, un établissement spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales, où il avait été admis quelques jours plus tôt. Testé positif, Pape Diouf, avait été placé sous assistance respiratoire, et un rapatriement vers un hôpital de Nice dans un avion affrété par l’Ambassade de France à Dakar était programmé. Hélas, son état de santé s’est rapidement détérioré dans la journée de mardi, rendant ce transport impossible.

Depuis l’officialisation de son décès, les hommages affluent, émanant d’acteurs du monde du football, mais également de personnalités politiques, comme le président sénégalais Macky Sall.