Le retrait annoncé du Mali, Burkina Faso et Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suscite des inquiétudes quant à son impact profond sur la région. La sortie de ces trois pays de la Communauté implique des répercussions qui dépassent largement les frontières politiques et affectent le commerce, la sécurité et le développement économique.

Le commerce, pierre angulaire de la CEDEAO, subirait un coup dur avec la perte de ces membres représentant collectivement 8 % du PIB de l’Union. Alors que la région enregistrait un volume commercial de 277,22 milliards de dollars en 2022, la sortie des trois pays risque de perturber gravement les flux de biens et de services, menaçant ainsi la stabilité économique.

Particulièrement préoccupant est l’effondrement économique potentiel de ces pays, qui sont cruciaux pour la sécurité alimentaire régionale. Le Niger et le Burkina Faso sont des exportateurs clés d’ingrédients alimentaires essentiels, tandis que le Mali détient une position stratégique dans la lutte contre l’insécurité. La fuite des citoyens vers d’autres pays de la CEDEAO ne ferait qu’exacerber la fragilité régionale.

En outre, les craintes d’établissement de relations bilatérales avec des acteurs extérieurs pourraient compromettre les intérêts communs de la CEDEAO. L’alliance éventuelle du Niger avec la Russie soulève déjà des interrogations quant à l’avenir des relations régionales.

L’impact sur la circulation des personnes et des biens serait également significatif. La libre circulation, un pilier de la CEDEAO, serait compromise, entraînant des restrictions sur les échanges et les déplacements. Les sanctions possibles imposées par la CEDEAO au Niger pourraient aggraver les difficultés déjà rencontrées, notamment avec le Nigeria, partenaire commercial majeur.

Sur le plan sécuritaire, bien que les effets immédiats soient limités, à long terme, le retrait des trois pays pourrait affaiblir davantage la coopération sécuritaire régionale. Le manque de soutien de la CEDEAO a déjà entraîné des désistements au sein d’organisations clés telles que le G5 Sahel, rendant la région vulnérable aux insurrections.

La dépendance persistante des pays concernés à l’égard de l’aide extérieure, en particulier de la Russie, pour contrer les menaces à la sécurité met en évidence la fragilité résiduelle de la région. Toutefois, la crise ukrainienne pourrait limiter la capacité de la Russie à fournir un soutien adéquat, laissant les États du Sahel exposés à des risques accrus d’instabilité.