L’attaque du groupe terroriste nigérian Boko Haram contre la ville de Rann en début de semaine a fait au moins 60 morts, selon Amnesty International. Cette dernière a réalisé une enquête de terrain dans la région.
Amnesty International qualifie cette attaque d’être « la plus sanglante de Boko Haram » contre Rann, ville dans l’extrême nord-est du Nigeria. Une attaque qui aurait fait au moins 60 morts, a révélé l’organisation de défense des droits de l’homme : 11 corps ont été retrouvés dans l’enceinte de la ville et 49 autres à l’extérieur.
Isa Sanusi, porte-parole d’Amnesty International Nigeria, a expliqué à l’AFP que l’ONG avait réalisé une enquête de terrain approfondie et recoupé des informations recueillies auprès de nombreuses sources sécuritaires, de témoins ou de personnes travaillant dans la région.
Rann est une localité devenue inaccessible pour des raisons de sécurité, même pour le personnel humanitaire, d’où il est extrêmement difficile d’obtenir des informations.
Sur plusieurs images satellites du centre CNES/Airbus ainsi que de l’institut européen de surveillance Copernicus, on peut distinguer que certaines parties de la ville, où s’étaient réfugiées des dizaines de milliers de personnes, ont été totalement rasées par les flammes, indique l’AFP.
Au lendemain de l’attaque, en l’espace de 48 heures, « toute la population semble paniquée et a pris la fuite pour tenter d’échapper à la mort », avait déclaré le porte-parole du HCR, Babar Baloch, au cours d’un point de presse à Genève.
Plus de 30.000 personnes sont arrivées au Cameroun, affirmant que le groupe terroriste contrôlait désormais la ville et que les soldats nigérians et camerounais avaient également fui. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières contre les civils depuis des mois dans le nord-est du Nigeria, dans un contexte d’accélération des violences.
Depuis le mois de juillet, le groupe, qui a fait allégeance à l’État Islamique en 2015, semblait davantage se concentrer sur les attaques de bases militaires où il récupérait les armes et le matériel militaire.
L’occupation de Rann par Boko Haram intervient alors que l’ONU a lancé mardi à Abuja un appel à financement de 848 millions de dollars (741 millions d’euros) pour des projets humanitaires dans le Borno et deux autres États du nord-est sur trois ans. Un montant supplémentaire de 135 millions de dollars est nécessaire pour aider les 228.500 Nigérians réfugiés au Cameroun, au Tchad et au Niger voisins, selon l’ONU.